Net recul du chômage, les spécialistes prudents

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(Crédits : Eric Gaillard)

PARIS (Reuters) - Le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité a reculé en France métropolitaine au quatrième trimestre et sur l'ensemble de 2018, mais, en présence de signaux contradictoires, les spécialistes du dossier ne se risquent pas à prédire une baisse durable du nombre de chômeurs.

Selon les données publiées vendredi par le ministère du Travail, 3.418.600 personnes étaient inscrites à Pôle emploi en catégorie A (sans aucune activité) fin décembre, soit 38.200 personnes de moins que fin septembre.

En ajoutant les catégories B et C (personnes exerçant une activité réduite), le nombre d'inscrits à Pôle emploi compte 44.600 personnes de moins en un trimestre et ressort à 5,605 millions.

L'économiste Denis Ferrand (Coe-Rexecode) décèle un point positif dans la proportion croissante de demandeurs d'emploi travaillant un nombre d'heures important dans le mois, mais souligne un niveau "toujours très élevé" du nombre de chômeurs et un ralentissement de l'emploi apparu en fin d'année.

De fait, les déclarations d'embauches de plus d'un mois hors intérim dans le secteur privé ont nettement reculé en décembre - de 3,8% par rapport à décembre 2017, selon l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss). Elles avaient déjà baissé de 0,7% en novembre.

David Beaurepaire, directeur délégué à la stratégie du site de recrutement HelloWork (ex-Regionsjob), constate lui aussi un ralentissement des offres d'emploi. Après un bond de 30% au premier semestre 2018, elles ont augmenté de 8% au second semestre. Janvier 2019 est plutôt sur cette dernière tendance. "Nous sommes confiants, mais pas euphoriques", dit-il.

Il voit un signe positif dans la proportion croissante de CDI proposés par les employeurs - Emmanuel Macron a confirmé son intention mettre en place un bonus-malus pour limiter le recours aux contrats courts - mais note aussi "un problème de pénurie dans certains métiers".

OFFRE ET DEMANDE NE COÏNCIDENT PAS

Ce problème, récurrent, d'appariement entre l'offre et la demande est également souligné par l'économiste David Ferrand. Pour lui, offre et demande devront être mises "en cohérence pour pouvoir faire baisser durablement le chômage".

Ce problème d'adéquation entre l'offre et la demande concerne aussi bien les postes très qualifiés que ceux qui le sont moins, comme par exemple les métiers des services à la personne, souligne-t-il.

Le taux de chômage pour le quatrième trimestre calculé par l'Insee selon les critères du Bureau international du travail (BIT) sera publié le 14 février.

Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), ne prévoit qu'une légère baisse du chômage en 2019, avec un taux de chômage de 8,9% au sens du BIT en fin d'année, contre 9,1% estimé fin 2018, compte tenu d'une prévision de croissance de 1,5% en 2019.

En incluant les départements d'Outre-mer, hors Mayotte, le nombre total de demandeurs d'emploi a reculé de 0,8% au quatrième trimestre 2018 et de 0,2% sur un an et reste proche des six millions de personnes (5.915.700).

Au sein de la seule catégorie A, la baisse des effectifs au cours du quatrième trimestre s'est manifestée dans l'ensemble des tranches d'âge, qu'il s'agisse des moins de 25 ans, avec un recul de 2,9% (-1,3% sur un an), des 25-49 ans, avec une diminution de 1,1% (-2,1% sur un an), ou des plus de 50 ans, avec un repli de 0,2% (-0,1% sur un an).

De quoi peut-être relativiser la prévision de la ministre du Travail Muriel Pénicaud qui a estimé début janvier que 100.000 salariés pourraient être menacés de chômage technique si le mouvement des "Gilets jaunes" et ses violents débordements se poursuivait.

(Marc Joanny et Danielle Rouquié, édité par Yves Clarisse)