Le dossier Levothyrox élargi à l'"homicide involontaire"

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Le dossier levothyrox elargi a l'homicide involontaire[reuters.com]
(Crédits : Emmanuel Foudrot)

MARSEILLE (Reuters) - Le parquet de Marseille a élargi à la notion d'"homicide involontaire" l'enquête ouverte sur l'affaire du Levothyrox, le médicament controversé de la thyroïde, a dit lundi à Reuters le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux.

Selon le magistrat, la justice a pris le 30 novembre des "réquisitions supplétives" pour "homicide involontaire" dans l'enquête ouverte en septembre 2017 pour "tromperie aggravée, atteintes involontaires à l'intégrité physique et mise en danger d'autrui".

L'enquête avait été placée sous l'autorité du pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille, dont la compétence s'étend jusqu'à Lyon (Rhône) où est situé le siège du laboratoire Merck qui produit le Levothyrox.

"Il ne s'agit aujourd'hui que d'une étape de procédure et aucune conclusion ne peut être tirée de ce réquisitoire supplétif : je suis confiant dans la démonstration qui pourra être faite à terme d'absence d'infraction commise par Merck", a réagi dans un communiqué l'avocat de Merck, Mario-Pierre Stasi.

Il a précisé que le groupe pharmaceutique coopérera "pleinement avec le juge d'instruction" pour démontrer "qu'aucune infraction n'est caractérisée" dans ce dossier.

Me Stasi souligne que les conclusions des rapports de pharmacovigilance publiés en 2018 indiquent clairement, selon lui, "qu'il n'y a pas de lien établi entre les cas signalés de décès dans la base de données de pharmacovigilance et la nouvelle formule du Levothyrox".

La formule du médicament, qui est vendue à plus 3,3 millions de personnes en France, a été changée en mars 2017 pour des raisons de conservation. Mais plusieurs milliers de personnes se sont plaintes auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de la santé (ANSM), affirmant ressentir des fatigues intenses, des crampes et des vertiges.

Un collectif de 4.113 malades de la thyroïde qui disent souffrir de la nouvelle formule du Levothyrox ont réclamé en décembre 41,13 millions d'euros d'indemnités au laboratoire allemand devant le tribunal d'instance de Lyon.

Merck se voit reproché d'avoir, en mars 2017, commercialisé une nouvelle formule du Levothyrox sans en avoir informé les trois millions de patients français en traitement.

Le tribunal lyonnais, qui doit statuer sur un éventuel "défaut d'information" rejeté par Merck, doit rendre son jugement le 5 mars.

(Jean-François Rosnoblet, édité par Caroline Pailliez)