L'Iran fête le 40e anniversaire de la révolution aux cris de "Mort à l'Amérique"

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L'iran fete les 40 ans de la revolution aux cris de mort a l'amerique[reuters.com]
(Crédits : Leonhard Foeger)

DUBAI (Reuters) - Plusieurs centaines de milliers d'Iraniens ont défilé lundi à Téhéran et dans les grandes villes du pays à l'occasion du 40e anniversaire de la révolution islamique qui a mis fin au régime du shah, grand allié des Etats-Unis au Moyen-Orient.

Des manifestants ont brûlé des drapeaux américains en scandant "Mort à Israël, mort à l'Amérique". "Au grand désarroi de l'Amérique, la révolution a 40 ans", pouvait-on lire sur une banderole.

Le 11 février 1979, l'armée iranienne avait proclamé sa neutralité dans le conflit entre le shah et l'ayatollah Ruhollah Khomeini, rentré de son exil français dix jours plus tôt.

Dans un discours prononcé place Azadi (Liberté), le président Hassan Rohani a affirmé qu'en dépit de tous leurs efforts, les Etats-Unis ne parviendraient pas à détruire la République islamique.

"Nous ne laisserons pas la victoire à l'Amérique. Le peuple iranien connaît des difficultés, il en connaîtra encore, mais nous surmonterons tous nos problèmes grâce à l'entraide et à la solidarité", a-t-il assuré.

Fin janvier, il avait reconnu les conséquences des sanctions américaines pour l'économie nationale, confrontée, selon lui, "à ses plus graves difficultés depuis quarante ans".

"Le monde a vu que lorsque l'Iran décide de venir en aide aux peuples de Syrie, d'Irak, du Liban, de la Palestine et du Yémen, la victoire est au rendez-vous. Les ennemis doivent aujourd'hui reconnaître leur défaite", a ajouté Hassan Rohani.

Le général Hossein Salami, numéro deux des Gardiens de la Révolution, a quant à lui exclu le rappel, exigé par Washington, des forces iraniennes déployées dans les pays de la région.

"L'ennemi ne peut pas nous demander de partir. C'est à lui de s'en aller", a-t-il lancé. "Nous aiderons les musulmans partout dans le monde."

TRUMP: "QUARANTE ANNÉES D'ÉCHEC"

Le président iranien a par ailleurs promis la poursuite du développement des missiles balistiques. Hassan Rohani avait déjà annoncé dimanche le lancement prochain de deux satellites, en dépit des mises en garde des Etats-Unis, qui jugent les lanceurs très proches des missiles balistiques.

Washington estime que le développement de tels missiles viole la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui a entériné l'accord sur le programme nucléaire iranien de 2015, une interprétation rejetée par Téhéran.

Donald Trump a dénoncé l'accord en mai et les signataires européens, qui tentent de le sauver, sont aussi très critiques à l'égard du programme balistique iranien.

"Quarante ans de corruption. Quarante ans de répression. Quarante ans de terreur. Le régime iranien n'a produit que 40 années d'échec. Le peuple iranien, qui souffre depuis longtemps, mérite un avenir beaucoup plus prometteur", écrit lundi le président américain sur Twitter en anglais et en farsi.

"La République islamique d'Iran n'a pas tenu sa promesse de respecter et de protéger les droits de ses citoyens", estime quant à lui son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, qui avait exprimé l'espoir en 2017 que "la révolution n'atteigne jamais son 40e anniversaire".

"Les Etats-Unis n'ont pas le courage de tirer un seul coup de feu sur nous, malgré tous leurs moyens défensifs et militaires. Mais, s'ils nous attaquent, nous raserons Tel-Aviv et Haïfa", a promis Yadollah Javani, numéro deux des gardiens de la Révolution pour les affaires politiques, cité par l'agence de presse officielle Irna.

"Je n'ignore pas les menaces du régime iranien, mais elles ne m'impressionnent pas", a répondu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Si ce régime commettait la terrible erreur d'essayer de détruire Tel-Aviv et Haïfa, non seulement ce serait un échec, mais cela signifierait qu'il a célébré son dernier anniversaire de la révolution."

(Parisa Hafezi, avec Bozorgmehr Sharafeddin; Tangi Salaün, Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)