Pétition contre la privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac

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Petition contre la privatisation de l'aeroport toulouse-blagnac[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

TOULOUSE (Reuters) - Le collectif des opposants à la privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) demande aux collectivités territoriales, qui détiennent 40% des parts de la structure aéroportuaire, de saisir la justice pour obtenir la nullité de la cession des actions de l'État à Casil Europe en avril 2015.

La polémique sur la privatisation de l'équipement a franchi un palier le mois dernier lorsque l'actionnaire privé, issu du consortium chinois Symbiose, a annoncé sa volonté de vendre sa participation de 49,99% au capital d'ATB, troisième aéroport régional de France derrière Lyon et Nice.

La décision de Casil Europe de revendre pour un montant de 500 millions d'euros ses parts acquises en 2015 pour 308 millions d'euros, après avoir perçu près de 30 millions d'euros de dividendes, serait liée au choix de l'Etat de conserver les 10,01% qu'il lui reste au capital d'ATB.

Le collectif des opposants à la privatisation demande la nullité de la cession des actions de l'État à Casil Europe et de l'accord sur la distribution des dividendes de décembre 2018 afin d'obtenir le remboursement de ces 30 millions.

Il a lancé lundi une pétition en ligne et écrit à Jean-Luc Moudenc, le président de Toulouse Métropole, pour engager cette action en justice qu'un porte-parole de Casil Europe sollicité par Reuters a refusé de commenter.

Regroupant les associations de riverains affectés par le trafic aérien, des organisations syndicales et des citoyens, le collectif pointe, dans un communiqué, "une goûteuse plus-value estimée à 200 millions d'euros" pour Casil Europe.

"TROMPERIE"

"Il y a eu tromperie de la commission d'appel d'offres et du ministère de l'Economie puisque Casil Europe avait promis à l'État des investissements durables et conséquents pour le territoire en investissant 850 millions d'euros sur 30 ans", a indiqué lundi à Reuters Christophe Leguevaques, avocat du collectif toulousain.

"Avec le recul, il faut se rendre à l'évidence, personne n'a vu la couleur de l'argent promis", a assuré l'avocat, dénonçant "des manquements répétés aux engagements pris et la politique agressive de distribution de dividendes démontrant à l'évidence un comportement spéculatif".

Depuis le rachat de 49,99% des parts de la société ATB en avril 2015, les dividendes se sont élevés à 20 millions d'euros en 2016 (dont 15 puisés dans les réserves) et à 7,85 millions d'euros en 2017, ce qui avait soulevé la colère de plusieurs élus et associations opposés à cette privatisation partielle.

Un accord sur les dividendes avait été adopté en décembre 2018 à l'unanimité par les membres du conseil de surveillance, représentants de Casil Europe et des actionnaires publics, la chambre de commerce et d'industrie de Toulouse, Toulouse Métropole, la région Occitanie et le département de Haute-Garonne qui détiennent toujours 40 % du capital d'ATB.

L'État français conserve les 10,01% restants après avoir renoncé en février 2018 à exercer son option de vente.

Après l'annonce de Casil Europe de vendre ses parts dans ATB, gestionnaire de l'aéroport Toulouse-Blagnac, les repreneurs potentiels ont jusqu'au 6 février pour déposer leur dossier.

L'aéroport a connu l'an dernier un trafic record avec 9,6 millions de passagers et a vu son trafic international croître de 7,1 %, dopé par les compagnies low cost qui représentent actuellement 42 % de sa fréquentation.

La polémique concernant l'aéroport de Toulouse affecte la privatisation de l'opérateur d'aéroports ADP, une partie des sénateurs ayant cité l'exemple d'ATB pour rejeter le 5 février le projet gouvernemental.

(Julie Rimbert, édité par Yves Clarisse)