Wall Street vacille devant la menace d'un nouveau "shutdown"

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Wall street termine sans tendance[reuters.com]
(Crédits : Brendan Mcdermid)

par Stephen Culp

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini sans tendance claire lundi, les craintes d'un nouveau "shutdown" partiel du gouvernement américain et d'une contraction des bénéfices des entreprises américaines ayant freiné l'enthousiasme déclenché par l'espoir d'une avancée dans les négociations commerciales sino-américaines en cours à Pékin.

L'indice Dow Jones a cédé 53,22 points, soit 0,21%, à 25.053,11. Le S&P-500, plus large, a pris 1,92 point, soit 0,07%, à 2.709,80. Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 9,71 points (+0,13%) à 7.307,91 points.

Moins d'un mois après le plus long "shutdown" de l'histoire des Etats-Unis, les discussions entre parlementaires démocrates et républicains devaient reprendre lundi pour tenter d'obtenir un accord avant la date butoir de vendredi et éviter ainsi un nouveau blocage de l'administration fédérale.

"Il y a une menace imminente d'un autre 'shutdown', sachant que si nous avons un autre blocage partiel, il pourrait durer encore plus longtemps que le précédent", note Matt Lloyd, responsable de l'investissement chez Advisors Asset Management.

"Les investisseurs ne prendront pas de paris importants, dans un sens ou dans l'autre, tant qu'ils ne sauront pas à quoi s'en tenir sur le commerce et le 'shutdown' du gouvernement."

Sur le front des résultats, environ 71% des sociétés du S&P 500 ayant publié leur bénéfice du quatrième trimestre ont dépassé les attentes, selon les données IBES de Refinitiv. Mais pour le premier trimestre, les analystes s'attendent à une contraction des résultats pour la première fois depuis 2016.

Ces deux préoccupations ont partiellement occulté la reprise des discussions entre les Etats-Unis et la Chine dans un climat d'optimisme quant à la possibilité d'un compromis.

La conseillère de la Maison blanche Kellyanne Conway n'a pas exclu que les présidents Donald Trump et Xi Jinping se rencontrent avant la date limite fixée au 2 mars, à laquelle les Etats-Unis menacent de relever les droits de douane sur des centaines de produits chinois.

Petit bémol cependant: les protestations du ministère chinois des Affaires étrangères contre un incident en mer de Chine du Sud, où deux bâtiments de guerre américains ont navigué non loin d'un archipel revendiqué par Pékin.

VALEURS

La santé (-0,13%), des services de communication (-0,63%) et des services collectifs (-0,08%) ont été les seuls à finir dans le rouge.

En revanche, les valeurs industrielles (+0,55), particulièrement exposées au commerce mondial, ont largement contribué à la hausse du S&P-500.

Electronic Arts (-0,37%) a fini en léger repli, après avoir commencé par prolonger son rally de vendredi (+16%), porté par des avis positifs de brokers après les débuts commerciaux en fanfare de son nouveau jeu "Apex Legends".

Parmi ses concurrents, Take-Two Interactive Software a perdu 3,81% et Activision Blizzard 7,6%.

Tesla a pris 2,3%. Le broker Canaccord Genuity a relevé sa recommandation de "conserver" à "achat", jugeant que le succès croissant des voitures électriques est sous-estimé.

LES INDICATEURS DU JOUR

Alors que la séance en Europe a été ponctuée par l'annonce que la croissance britannique était tombée l'an dernier à son niveau le plus faible depuis six ans, aucun indicateur n'est venu perturber la tendance à Wall Street.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes avaient terminé en nette hausse, ayant profité d'un regain d'intérêt après une semaine de repli des principaux indices mondiaux, la reprise des discussions commerciales ayant ravivé l'appétit pour le risque.

À Paris, l'indice CAC 40, qui avait perdu 2,39% sur les trois séances précédentes, a terminé en hausse de 1,07% (52,83 points) à 5.014,47 points. A Londres, le FTSE 100 a gagné 0,82% et à Francfort, le Dax a progressé de 0,99%. L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,96%, le FTSEurofirst 300 0,86% et le Stoxx 600 0,85%.

TAUX

Les rendements des obigations du Trésor américain ont légèrement progressé dans l'attente des chiffres de l'inflation de janvier qui doivent être publiés mercredi. Les Treasuries à 10 ans ressort à 2,655% contre 2,63% vendredi.

En Europe, les rendements de la zone euro sont remontés avec l'attrait pour le risque, à l'exception des rendements italiens qui ont reflué en réaction aux chiffres de la Banque d'Italie montrant un nouveau recul des créances douteuses.

CHANGES

Le dollar grimpe, profitant de son statut de valeur refuge dans la crainte que les négociations entre Washington et Pékin ne donnent rien avant la date butoir du 2 mars fixée par les deux premières économies mondiales. L'"indice dollar", qui mesure ses fluctuations face à un panier de devises de référence, prend 0,44%, sa huitième hausse consécutive, après avoir atteint son plus haut niveau depuis fin décembre.

Dans ce contexte, l'euro est tombé à 1,1263, au plus bas depuis le 14 novembre. Il se traite autou de 1,1275 dollar.

La faiblesse du rythme de croissance britannique l'an dernier a pénalisé la livre sterling, qui a cédé du terrain face au dollar et à l'euro.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont reculé, la crainte d'un échec des discussions sino-américaines l'emportant sur le soutien apporté par le plan de baisse de la production de l'Opep et ses alliés.

Le brut léger américain (WTI) perd 0,53% à 52,44 dollars le baril, et le Brent 0,92% à 61,51 dollars.

(Stephen Culp, Marc Angrand et Juliette Rouillon pour le service français)