La Corée du Nord continue à développer son arsenal nucléaire, selon un rapport

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La coree du nord continue a developper son arsenal nucleaire, selon un rapport[reuters.com]
(Crédits : Kim Hong-Ji)

par David Brunnstrom

WASHINGTON (Reuters) - La Corée du Nord continue de produire du combustible nucléaire à usage militaire tout en menant avec les Etats-Unis des discussions sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, écrit un institut universitaire américain dans un rapport publié mardi.

Selon le Center for International Security and Cooperation de l'Université de Stanford, Pyongyang pourrait en avoir produit assez au cours de l'année écoulée pour ajouter jusqu'à sept bombes atomiques à son arsenal.

En revanche, le gel des essais nucléaires et de missiles depuis 2017 signifie que le programme de développement nucléaire de la Corée du Nord représente moins une menace qu'à la fin 2017, relève le rapport.

Siegfried Hecker, ancien directeur au laboratoire atomique de Los Alamos, au Nouveau-Mexique, et l'un des auteurs du rapport, a précisé à Reuters que la poursuite de la production de combustible nucléaire par la Corée du Nord en 2018 était attestée par l'analyse des images satellite.

Selon lui, le retraitement de combustible usé provenant des activités d'un réacteur de 5 mégawatts de la centrale nucléaire de Yongbyon entre 2016 et 2018 a permis de produire 5 à 8 kilos de plutonium de qualité militaire. A cela s'ajoute la production de peut-être 150 kilos d'uranium hautement enrichi.

Ce combustible aurait permis à la Corée du Nord d'accroître son arsenal nucléaire de cinq à sept bombes A, avance encore le rapport Stanford.

L'équipe de Siegfried Hecker estimait à une trentaine le nombre de bombes atomiques nord-coréennes en 2017.

Selon une estimation haute de l'Agence des renseignements militaires (Defense Intelligence Agency, DIA), la Corée du Nord en compte une cinquantaine. Les analystes évoquent en général vingt à soixante bombes.

"MOINS DANGEREUSE QU'À LA FIN 2017"

Le rapport de l'université de Stanford souligne cependant que la suspension des tests de missiles, décidée par Pyongyang pour ouvrir la voie aux sommets intercoréens et au sommet entre Kim Jong-un et Donald Trump en juin dernier à Singapour, avait retardé tout le travail de miniaturisation des bombes.

"Si l'on regarde donc l'ensemble du spectre, pour moi la Corée du Nord (...) est moins dangereuse aujourd'hui qu'elle ne l'était à la fin 2017", écrit Siegfried Hecker.

Les experts de l'Université de Stanford jugent ainsi que "la Corée du Nord ne peut pas tirer un engin nucléaire avec un certain degré de confiance vers le continent états-unien".

En revanche, son arsenal nucléaire constitue une réelle menace pour le Japon et la Corée du Sud.

Kim Jong-un s'est engagé lors du sommet de Singapour à oeuvrer en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Peu de progrès ont été accomplis depuis cette promesse mais en septembre dernier, le dirigeant nord-coréen s'est dit prêt à prendre de nouvelles mesures, comme le démantèlement permanent du site nucléaire de Yongbyon, en échange de "mesures correspondantes" de la part des Etats-Unis.

Le représentant spécial des Etats-Unis pour la Corée du Nord, Stephen Biegun, a passé trois jours à Pyongyang la semaine dernière pour préparer un deuxième sommet Kim-Trump, qui aura lieu à Hanoï les 27 et 28 février.

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)