Le Lyon-Turin, gâchis d'argent public selon une étude italienne

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Le lyon-turin, gachis d'argent public selon une etude italienne[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

ROME (Reuters) - Le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin serait un gaspillage d'argent public et aurait un retour sur investissement "fortement négatif", conclut une analyse "coûts-bénéfices" du chantier commandée par le gouvernement italien.

D'après ce document, publié mardi sur le site du ministère des Transports, le projet de TGV (TAV, treno ad alta velocità en italien) aura un impact financier négatif d'environ 7 milliards d'euros, si l'on met en balance le coût de construction de la nouvelle voie ferroviaire et ses retombées économiques.

Ce chiffre descend à 5,7 milliards d'euros si l'on prend en compte le coût d'interruption du chantier, précisent les experts italiens.

L'arrêt des travaux pourrait en effet se traduire par des pénalités représentant jusqu'à 1,3 milliard d'euros, selon une analyse distincte publiée par le ministère des Transports.

Les coûts de construction du tunnel stricto sensu sont évalués à 8,6 milliards d'euros, financés à la fois par l'Italie, la France et l'Union européenne.

Le chantier divise la coalition gouvernementale italienne formée en juin 2018 par la Ligue (extrême droite) et les contestataires du Mouvement 5 étoiles (M5S). La Ligue y est favorable, au nom des intérêts économiques de l'Italie, tandis que le M5S s'y oppose de longue date.

LE DOCUMENT EN COURS D'ANALYSE À PARIS

"Comme chacun peut désormais le constater, les chiffres de cette analyse économique et logistique sont extrêmement négatifs", a déclaré le ministre des Transports, Danilo Toninelli, du M5S.

"Il revient maintenant au gouvernement de prendre une décision", a ajouté le ministre, qui a commandé le rapport "coût-bénéfices".

Côté français, le ministère des Transports a fait savoir à Reuters qu'il était "en train d'analyser" le document italien.

"La ministre Elisabeth Borne ne doute pas qu'elle aura l'occasion d'échanger très prochainement avec son homologue italien à ce sujet", a-t-on déclaré de même source, tout en renouvelant le soutien français au projet.

Le chef de file du M5S, Luigi Di Maio, qui est également vice-président du Conseil, a déclaré la semaine dernière que le tunnel de 58 kilomètres ne verrait pas le jour tant que son parti serait au pouvoir.

Les débats sur le Lyon-Turin se déroulent sur fond de crise diplomatique sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale entre l'Italie et la France, qui a rappelé la semaine dernière son ambassadeur en poste à Rome.

Paris accuse la coalition Ligue-M5S de multiplier les provocations, la dernière en date étant le soutien apporté par Luigi Di Maio aux "Gilets jaunes" français.

(Stefano Bernabei et Giselda Vagnoni, avec Jean-Stéphane Brose et Simon Carraud à Paris, édité par Yves Clarisse)