Giuseppe Conte fait figure d’accusé devant le Parlement européen

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(Crédits : Vincent Kessler)

par Gilbert Reilhac

STRASBOURG (Reuters) - La Commission européenne et les eurodéputés n'ont pas ménagé leurs critiques mardi à l'égard d'une Italie accusée de se marginaliser, devant le président du Conseil Italien, Giuseppe Conte, venu débattre de « l'avenir du projet européen ».

Contraint de se justifier, face à des accusations visant moins sa politique que celle de ses deux vice-présidents, Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue, à l'extrême droite, et Luigi Di Maio, dirigeant du mouvement anti-système 5 Etoiles, il a dénoncé une Europe qui s'éloigne des citoyens et répondu aux attaques en arguant de malentendus.

« Le processus d'éloignement gouvernés-gouvernants, si on continue à l'alimenter par le silence, par l'indifférence ou par une tentative d'en minimiser la portée, pourrait mener à l'implosion du monde que nous connaissons », a affirmé l'ancien professeur de droit.

Chef d'un gouvernement contraint par la Commission européenne de revoir à la baisse son budget, en raison d'un endettement excessif, il a attribué ce divorce à l'adoption par l'UE d'une « perspective purement financière, tournée vers la mise en œuvre de politiques libérales » et oublieuse des « politiques sociales ».

« Votre croissance est inférieure à la moyenne européenne depuis des années », a répliqué Jyrki Katainen, le commissaire européen à la Croissance et à l'Emploi, pour qui « le manque de confiance des investisseurs et des ménages » est la source du problème italien.

Ce manque de confiance a été marqué par la plupart des groupes politiques, accusant l'Italie de ne pas se réformer, de remettre en cause des accords passés - la réalisation de la liaison ferroviaire Lyon-Turin -, de soutenir le président Nicolas Maduro au Venezuela ou de mener une politique « cynique » à l'égard des migrants.

Reprenant une formule de Jyrki Katainen pour qui, au plus fort de la crise migratoire, l'Italie fut un des pays qui ont « sauvé l'honneur de l'Europe », Giuseppe Conte a estimé que ce n'était plus « possible » et appelé au respect de la décision des Vingt-Sept pour une répartition « automatique et obligatoire » des réfugiés.

Il a assuré que si l'Italie avait bloqué, la semaine dernière, l'adoption d'une déclaration des pays de l'UE qui aurait reconnu Juan Guaido, actuel président de l'Assemblée nationale vénézuélienne, comme chef de l'Etat par intérim, elle ne reconnaissait pour autant la légitimité de Nicolas Maduro.

« La prudence est de mise, nous ne savons pas quelle sera l'issue de la crise vénézuélienne », a-t-il expliqué.

Interpellé sur la crise diplomatique avec la France, après une rencontre entre Luigi di Maio et des « gilets jaunes » auxquels il était venu apporter son soutien, le président du Conseil a jugé l'affaire « ridicule », l'intéressé ayant agi en tant que « chef politique » et non en tant que ministre.

Giuseppe Conte, homme sans parti nommé au Conseil italien le 1er juin dernier grâce à un compromis entre ses deux vice-présidents et le président de la République italienne, s'est par ailleurs élevé contre le qualificatif de « marionnette » dont l'avait affublé une eurodéputée.

« Je ne me sens pas comme une marionnette. Je suis fier de représenter le peuple italien », a-t-il affirmé.

(Edité par Sophie Louet)