Finkielkraut violemment conspué par des "Gilets jaunes"

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Finkielkraut violemment conspue par des gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le monde politique a unanimement exprimé son indignation, samedi, après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux montrant le philosophe et académicien Alain Finkielkraut conspué par des manifestants en marge d'un cortège de "Gilets jaunes".

Sur ces images, on peut voir l'intellectuel face à des personnes hostiles dont certaines, revêtues d'un gilet jaune, profèrent des mots injurieux tels que "sale sioniste de m...", "sale raciste" et "sale race", accompagnés de sifflets nourris.

Selon Yahoo Actualités, qui a fait circuler l'une des ces vidéos, la scène s'est produite sur le boulevard du Montparnasse, dans le sud de Paris.

"Les injures antisémites dont il a fait l'objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation", a réagi Emmanuel Macron via Twitter. "Nous ne les tolèrerons pas."

Le chef de l'Etat a également salué le parcours de ce "fils d'émigrés polonais devenu académicien français" qui, à ce titre, "n'est pas seulement un homme de lettres éminent mais le symbole de ce que la République permet à chacun".

Dans une interview au Parisien, Alain Finkielkraut dit s'être approché par curiosité du défilé, qu'il a croisé par hasard, sans avoir l'intention de se joindre aux manifestants.

"J'ai été obligé de fuir de peur qu'ils me cassent la gueule et je pense que ça aurait pu mal tourner mais je n'ai pas été traumatisé, car un cordon de police s'est vite interposé", raconte-t-il au quotidien.

Il ajoute ne pas vouloir porter plainte contre ses agresseurs, animés d'un "sentiment d'hostilité très fort à l'égard des juifs".

Cette scène s'est déroulée sur fond de recrudescence des faits antisémites, qui ont augmenté l'an dernier de 74% en France, passant de 311 en 2017 à 541 en 2018, après deux années de baisse, selon le gouvernement.

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a fustigé sur Twitter "un déferlement de haine à l'état pur que seule l'intervention de la police a interrompu". Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a pour sa part dit souhaiter que les auteurs des insultes soient lourdement condamnés.

Sur les vidéos, ces derniers apparaissent à visage découvert.

Les condamnations sont également venues de l'opposition. Le président du Sénat, Gérard larcher, s'est dit "meurtri" et Laurent Wauquiez, président des Républicains, a parlé d'"abjects crétins" prouvant selon lui que "l'antisémitisme se drape dans les habits de l'antiracisme et se nourrit de la chasse aux prétendus islamophobes".

A gauche, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a qualifié l'agression d'Alain Finkielkraut d'"inadmissible, intolérable, insupportable".

L'essayiste a apporté son soutien aux "Gilets jaunes" au début du mouvement avant de déplorer, dans un entretien au Figaro publié vendredi, la tournure des événements du fait notamment de l'"arrogance" affichée par les chefs de file.

Le 14e samedi consécutif de mobilisation a rassemblé 41.500 personnes, selon le ministère de l'Intérieur.

(Simon Carraud, édité par Nicolas Delame)