Journée d'hommages et initiatives contre l'antisémitisme

reuters.com  |   |  727  mots
Philippe veut une loi avant l'ete contre l'antisemitisme en ligne[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron se rendra ce mardi au cimetière juif de Quatzenheim profané dans la nuit, avant d'aller se recueillir au Mémorial de la Shoah à Paris aux côtés de Gérard Larcher et Richard Ferrand, lors d'une journée de mobilisation nationale contre la recrudescence des faits antisémites.

Le chef de l'Etat, le président du Sénat et de l'Assemblée nationale "se recueilleront dans la crypte (du Mémorial de la Shoah, ndlr) après avoir déposé une couronne de fleurs", précise-t-on à l'Elysée.

"A travers ce geste symbolique, le président de la République entend condamner, au nom de la nation française et avec la plus grande fermeté, les actes antisémites odieux commis ces derniers jours en France", ajoute-t-on.

Gérard Larcher et Richard Ferrand ont souligné pour leur part leur volonté, par cette visite symbolique de "réaffirmer leur attachement aux valeurs de la République et leur détermination commune à ne jamais céder à la haine et à la violence", dans un communiqué.

"En parallèle du déplacement du Président de la République, les préfets déposeront en son nom des gerbes de roses blanches sur différents lieux de mémoire: au Panthéon, les caveaux de Simone Veil, Jean Zay et Jean Moulin ; au Mont-Valérien, au pied du monument aux fusillés ; au Vel d'Hiv ; au mémorial de la Maison d'Isieu", ajoute la présidence.

Dans la matinée, le Premier ministre Edouard Philippe, qui sera au côté des partis politiques lors d'une manifestation unitaire place de la République à Paris, a souligné dans un entretien à l'Express la nécessité de légiférer pour endiguer le "foisonnement des paroles haineuses, antisémites ou racistes, sur les réseaux sociaux".

"Je sais que cela se heurte à certains obstacles, et mon objectif n'est pas de contraindre la liberté d'expression. Cela passera par une loi, si possible avant l'été", poursuit-il sans se prononcer sur le véhicule législatif à privilégier.

FRONT COMMUN, RN EXCEPTÉ

Le gouvernement a présenté jeudi les grandes lignes de son plan d'action contre le cyberharcèlement, qui prévoit entre autres une obligation de retrait des contenus haineux par les plateformes comme Facebook, Twitter, YouTube et des actions de sensibilisation. Le secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi avait annoncé à cette occasion qu'une loi serait présentée dès le deuxième trimestre 2019.

Les faits antisémites ont augmenté de 74% l'an dernier, passant de 311 en 2017 à 541 en 2018, après deux années de baisse, selon le ministère de l'Intérieur.

Le chef du gouvernement, plusieurs ministres de premier rang mais aussi François Bayrou, Laurent Wauquiez, Stanislas Guerini et François Hollande participeront à des manifestations communes contre l'antisémitisme, notamment place de la République à Paris à 19h, à l'initiative du Parti socialiste.

"Je ne veux pas participer à une instrumentalisation politicienne", s'est expliquée mardi sur Europe 1 Marine Le Pen. "Je ne vais pas là ou je ne suis pas souhaitée et désirée", a-t-elle déclaré. Le Rassemblement national (ex-FN) prévoit des initiatives distinctes d'hommage aux victimes d'antisémitisme.

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, qui rencontre ce mardi à Berlin ses homologues allemands, a assuré qu'il serait "de tout coeur" dans les manifestations.

"J'ai le sentiment parfois qu'on a oublié notre Histoire", a-t-il dit sur RTL. "Je voudrais que tous les enfants français se rendent au mémorial de la Shoah et qu'ils voient le statut des Juifs d'octobre 1940 annoté de la main du maréchal Pétain."

En parallèle, une autre initiative législative émanant d'une trentaine de députés de la majorité et visant à punir l'antisionisme au même titre que l'antisémitisme semble d'ores et déjà enterrée par l'exécutif.

"Je ne pense pas que pénaliser l'antisionisme soit une bonne solution", a dit Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse avec la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili.

"Ceux qui aujourd'hui dans le discours veulent la disparition d'Israël sont ceux qui veulent s'attaquer aux Juifs", a-t-il reconnu. "Je pense néanmoins que lorsqu'on rentre dans le détail, la condamnation pénale de l'antisionisme pose d'autres problèmes."

(Julie Carriat, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Jean-Stéphane Brosse et Yves Clarisse)