Orange prudent pour 2019 et le dividende, le titre baisse

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Orange prudent pour 2019[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

PARIS (Reuters) - Orange s'est montré prudent jeudi pour l'année en cours face à la persistance d'une concurrence exacerbée sur ses principaux marchés français et espagnol, ce qui fait reculer son titre en Bourse en dépit de résultats 2018 meilleurs que prévu.

Le premier opérateur télécoms français ne prévoit qu'une "légère" croissance de son résultat d'exploitation cette année, qui devrait se traduire par un ralentissement par rapport à 2018, année au cours de laquelle il a bénéficié d'un coup de pouce fiscal momentané.

Faute de visibilité, le groupe s'est engagé sur un dividende "plancher" de 70 centimes au titre de l'exercice 2019, dont le montant final sera établi lorsque l'opérateur aura un meilleur aperçu de sa performance.

"Aujourd'hui, nous estimons que la visibilité sur nos principaux marchés, et j'évoquerai en particulier la France et l'Espagne, est probablement plus limitée qu'il y a un ou deux ans", a expliqué le PDG d'Orange Stéphane Richard, en réponse aux questions - nombreuses - des analystes financiers sur le dividende.

"Nous ne disons pas que nous n'allons pas augmenter le dividende. Nous disons aujourd'hui que nous voulons avoir une meilleure visibilité sur ce que nous pouvons atteindre en 2019 et sur les perspectives de nos activités plus tard dans l'année ou début 2020 afin de prendre notre décision finale."

L'action Orange, qui avait débuté la séance plutôt stable, a basculé dans le rouge après ces déclarations (-1,69% à 13,39 euros vers 10h25), portant à environ 5% la baisse de la valeur depuis le début de l'année alors que l'indice CAC 40 des valeurs vedettes parisiennes affiche une hausse de près de 10% sur la même période.

"Les résultats du T4 sont légèrement supérieurs aux attentes mais la prévision est prudente", commentent les analystes de Jefferies dans une note.

L'opérateur français, présent dans 27 pays, a enregistré l'an dernier une hausse de 2,7% de son Ebitda ajusté, à 13,01 milliards d'euros, après +2,1% en 2017. Au-delà de l'effet fiscal, ce résultat a été également porté par des économies plus importantes que prévu (3,5 milliards contre 3,0 milliards prévus sur 2015-2018).

Son chiffre d'affaires s'est amélioré de 1,3% à 41,38 milliards, après +1,2% en 2017, une performance légèrement supérieure au consensus du marché compilé par Infront Data.

Pour 2019, l'opérateur table sur une progression de son Ebitda plus modérée que celle enregistrée 2018.

"On a une intensité de l'environnement concurrentiel en France à ce jour qui ne se dément pas. Il y a forcément un impact sur la capacité à générer de la croissance", a déclaré à la presse le directeur financier, Ramon Fernandez.

PAS DE DISCUSSION SUR UNE CONSOLIDATION

En outre, le premier opérateur français ne bénéficiera plus en 2019 du taux de TVA réduit sur ses offres de presse et de livres numériques qui a fourni une contribution positive à hauteur de 160 millions d'euros en 2018.

La prudence d'Orange pourrait alimenter un certain désamour des investisseurs vis-à-vis du secteur des télécoms en Europe, échaudés par des perspectives de croissance modérées et des niveaux d'investissement élevés avec le déploiement des réseaux fibre, 4G et bientôt 5G.

Le rival allemand Deutsche Telekom a également dit anticiper un ralentissement de la croissance de ses résultats cette année.

Une éventuelle consolidation des acteurs en France, l'un des rares facteurs susceptibles de redonner un coup de fouet au titre, reste à ce jour un voeu pieux.

"Ce serait plus qu'une surprise si c'était tout de suite", a répondu Ramon Fernandez à une question sur la probabilité d'un rapprochement dans les mois à venir.

Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues qui publiait également ses résultats annuels ce jeudi, a déclaré de son côté n'avoir aucune discussion avec d'autres opérateurs et n'avoir été contacté par aucun d'entre eux.

Dans ce contexte qui pourrait conduire les investisseurs à se recentrer sur les fondamentaux du marché, Stéphane Richard a annoncé qu'il prévoyait de présenter un nouveau plan stratégique baptisé "Vision 2025".

Un peu plus d'un an après son lancement en France, Orange Bank, la banque mobile de l'opérateur, comptait près de 250.000 abonnés fin 2018. Elle a creusé sa perte d'exploitation à 169 millions d'euros pour un produit net bancaire en repli à 43 millions. Le groupe a dit envisager l'équilibre au bout de 5 à 6 ans pour cette nouvelle activité.

(Edité par Bertrand Boucey)