La zone euro presque à l'arrêt, contraction dans l'industrie

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Zone euro: 1ere contraction dans l'industrie depuis mi-2013[reuters.com]
(Crédits : Leonhard Foeger)

par Jonathan Cable

PARIS/LONDRES/FRANCFORT (Reuters) - Le secteur manufacturier de la zone euro a subi en février une contraction inattendue, conséquence d'une nouvelle baisse de l'activité en Allemagne, qui souffre des tensions commerciales et de l'impact des nouvelles normes anti-pollution sur le secteur automobile, montrent des enquêtes publiées jeudi.

Bien que la contraction ait été compensée par une accélération nettement plus forte que prévu de l'activité dans les services, ce qui a permis une modeste croissance du secteur privé dans son ensemble, les résultats de l'enquête devraient inquiéter les responsables politiques, l'industrie étant un moteur pour le secteur des services.

Chris Williamson, économiste de Markit, estime que les résultats des enquêtes préfigurent une croissance de 0,1% seulement de l'économie de la zone euro au premier trimestre, inférieure au consensus Reuters qui se situe à 0,4%.

L'indice PMI "flash" composite de la zone euro, qui regroupe le secteur manufacturier et celui des services, est passé à 51,4 contre 51,0 en janvier, montrent les premiers résultats des enquêtes mensuelles d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats.

Il est supérieur aux estimations du consensus Reuters, dont la médiane le donnait à 51,1, mais inférieur au niveau qu'il a affiché pendant la majeure partie des quatre dernières années.

"Cela ne signifie pas que les inquiétudes autour de la croissance sont derrière nous car l'indice de la production manufacturière est tombé sous 50, reflétant une contraction de l'industrie de la zone euro pour la première fois en près de six ans", a commenté Bert Colijn, économiste d'ING.

Pour le secteur de l'industrie manufacturière, le PMI "flash" est passé pour la première fois depuis juin 2013 sous la barre qui sépare croissance et contraction, à 49,2 contre 50,5 en janvier; le consensus Reuters le donnait à 50,3.

L'indice mesurant la production, qui entre dans le calcul de l'indice PMI composite, est tombé à 49,2 contre 50,5, à son plus bas niveau depuis mai 2013, et l'indice des nouvelles commandes à l'industrie est ressorti à son plus bas en six ans.

Pour noircir encore le tableau, la baisse des commandes à l'industrie s'est accélérée et les usines accumulent les stocks.

LA FRANCE RÉSISTE, L'ALLEMAGNE SOUFFRE

En France, l'activité s'est redressée en février malgré les perturbations liées au mouvement des "Gilets jaunes", le secteur manufacturier poursuivant son expansion tandis que la contraction s'atténuait dans les services.

L'indice PMI du secteur manufacturier est remonté à 51,4 en première estimation alors que les économistes interrogés par Reuters anticipaient une légère décélération avec un indice à 51,0 après 51,2 en janvier.

"Bien que les manifestations des Gilets jaunes se poursuivent et qu'elles semblent encore entraîner des perturbations de la production, l'économie (française) fait preuve de résistance", estime Eliot Kerr, économiste chez IHS Markit, qui juge toutefois que l'activité "restera inférieure à son potentiel tant que les mouvements sociaux se poursuivront".

Sur les marchés, les PMI français ont été salués par une remontée de l'euro et des rendements des emprunts d'Etat qui s'est nettement atténuée après les chiffres allemands et ceux de la zone euro.

Vers 11h30 GMT, la monnaie unique se traitait autour de 1,1340 dollar après un pic à 1,1363 et le rendement du Bund allemand à dix ans prenait un peu moins de deux points de base à 0,12% après avoir atteint 0,127%, son plus haut niveau depuis une semaine.

En Allemagne en revanche, le secteur manufacturier a connu un deuxième mois de contraction même si cette faiblesse a pu être compensée par une accélération de la croissance des services.

L'indice PMI "flash" composite allemand a atteint un pic de quatre mois à 52,7 contre 52,0 attendu et 52,1 en janvier. Celui du secteur manufacturier a encore baissé, à 47,6 après 49,7 en janvier, alors que le consensus le donnait inchangé, mais celui des services, à 55,1, est supérieur au consensus (52,9) et en hausse par rapport à janvier (53,0).

"Avec des carnets de commandes qui se détériorent de plus en plus vite, le rythme de contraction dans la production de biens devrait s'aggraver dans les mois à venir", dit Chris Williamson.

Quoiqu'il en soit, la bonne performance des services a encouragé l'optimisme des chefs d'entreprise et l'indice mesurant leurs attentes est passé de 60,5 à 61,6, un pic de quatre mois, tandis que le rythme des embauches s'est accéléré.

Mardi, l'indice de confiance du consommateur dans la zone euro est également remonté, tout en restant faible.

(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)