Macron tance le manque de "responsabilité" des corps intermédiaires

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France: macron fustige l'echec des negociations assurance chomage[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a fustigé jeudi l'échec des négociations entre les partenaires sociaux sur la réforme de l'assurance chômage, pointant un manque de "responsabilité" des corps intermédiaires qui, dans certaines situations "difficiles" choisissent selon lui de redonner la main à l'exécutif.

"Plusieurs d'entre vous ont parlé des corps intermédiaires, c'est devenu très à la mode", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un débat à l'Elysée avec les présidents des conseils départementaux. "Moi je crois dans les corps intermédiaires d'autant plus que la première réforme portée dans ce quinquennat avec les ordonnances travail leur a donné plus de place".

"Mais la responsabilité n'est pas toujours partagée", a-t-il estimé. "On vient d'avoir un exemple (...) on dit aux partenaires sociaux 'trouvez-nous une solution pour le chômage, vous êtes autour de la table, vous êtes responsables' alors même que les organisations syndicales ne financent plus le chômage".

"Comme c'est difficile, elles ont rendu hier au gouvernement la copie", a-t-il poursuivi. "On est dans un drôle de système tout de même où chaque jour dans le pays, on dit 'corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous faire' et quand on donne la main, on dit 'pardon Monsieur c'est dur, reprenez-la".

"Le gouvernement va devoir la prendre parce qu'on ne peut pas avoir un déficit cumulé sur le chômage comme celui que nous avons depuis tant d'années", a-t-il ajouté.

Faute d'accord sur un système de bonus-malus pour décourager le recours aux contrats courts par la modulation des cotisations sociales, les partenaires sociaux ont acté mercredi soir l'échec des négociations sur la réforme de l'assurance chômage, laissant ainsi la possibilité à l'Etat de reprendre la main.

RÉUNIONS THÉMATIQUES EN MARS

Ce constat d'échec a conclu la dixième séance de discussion des organisations patronales et syndicales sur cette réforme censée permettre 3 à 3,9 milliards d'euros d'économies sur trois ans, réviser les règles du cumul emploi-chômage et enrayer l'abus des contrats de travail courts.

Les propos du chef de l'Etat risquent de crisper un peu plus des corps intermédiaires qui estiment avoir été malmenés et négligés par l'exécutif tout au long de la première année du quinquennat, dénonçant pour certains un "passage en force".

Malgré le changement de ton opéré l'été dernier, les partenaires sociaux ont prévenu qu'ils jugeraient sur pièces, notamment à l'occasion des chantiers sociaux à venir comme l'épineuse réforme des retraites.

S'exprimant lors du même débat à l'Elysée ce jeudi, le Premier ministre a confirmé la tenue de quatre réunions thématiques "la deuxième semaine de mars" avec les organisations syndicales, patronales et les associations d'élus dans le cadre du "grand débat national" organisé en réponse à la crise des "Gilets jaunes".

L'objectif de ces tables rondes sera que "ce qu'on appelle parfois les corps intermédiaires (...) puissent dire et exprimer leurs positions en commun pendant le grand débat", a souligné Edouard Philippe.

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse et Elizabeth Pineau)