Wall Street finit en baisse, plombée par des indicateurs

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Le dow jones cede 0,40%, le nasdaq 0,39%[reuters.com]
(Crédits : Brendan Mcdermid)

(Reuters) - La Bourse de New York a fini en baisse jeudi, sous l'effet de prises de bénéfice après la publication d'indicateurs économiques moroses aux Etats-Unis.

L'indice Dow Jones a cédé 103,81 points, soit 0,40%, à 25.850,63 et le S&P-500, plus large, a perdu 9,82 points ou 0,35% à 2.774,88 - un recul modeste mais qui est le plus important depuis deux semaines pour l'indice de référence des gérants américains.

Le Nasdaq Composite a régressé de son côté de 29,36 points (0,39%) à 7.459,71, mettant fin à une série de huit séances consécutives de hausse.

Plusieurs indicateurs inférieurs aux attentes ont pesé sur la tendance dès l'ouverture, notamment l'annonce d'une baisse inattendue des commandes de biens d'équipement en décembre, un mauvais signal pour l'investissement des entreprises. Dans la foulée, la Fed d'Atlanta a abaissé sa prévision de croissance pour le quatrième trimestre à +1,4% en rythme annualisé.

Paul Nolte, chez Kingsview Asset Management à Chicago, note que des facteurs exceptionnels comme la météo ont pu fausser les données sur l'économie en fin d'année. "On reste sur une super série et ces mauvais chiffres ont servi de prétexte pour prendre son bénéfice", dit-il.

Le S&P-500, en hausse de plus de 10% depuis le début de l'année, reste proche de ses plus hauts en deux mois, soutenu par l'espoir d'un accord entre Américains et Chinois après sept mois de guerre commerciale.

Les négociations entre les deux pays ont repris jeudi au niveau ministériel à Washington, une semaine avant la date butoir fixée par l'administration Trump. D'après plusieurs sources, les grandes lignes de ce qui pourrait devenir un accord commercial commencent à émerger des discussions.

Quelque 6,9 milliards d'actions ont changé de mains à Wall Street à comparer à une moyenne de 7,3 milliards sur les 20 séances précédentes.

LES INDICATEURS DU JOUR

L'activité économique dans le nord-est des Etats-Unis s'est contractée en février pour la première fois depuis près de trois ans, en raison notamment d'un recul marqué des nouvelles commandes, selon l'enquête de conjoncture mensuelle de la Réserve fédérale de Philadelphie. Son indice "Philly Fed" a chuté à -4,1 après 17,0 en janvier, alors que les économistes attendaient en moyenne un repli limité à 14,0.

Dans l'ensemble du pays, les commandes de biens d'équipement civils hors aéronautique, considérées comme un étalon des plans d'investissement, ont baissé de 0,7% en décembre après un recul de 1,0% (révisé) le mois précédent, a annoncé le département du Commerce. Les économistes anticipaient en moyenne une hausse de 0,2% en décembre.

Sur le front de l'emploi, le nombre des inscriptions au chômage a reculé la semaine dernière, de 23.000 à 216.000 en données corrigées des variations saisonnières, mais leur moyenne mobile sur quatre semaines a atteint un peu plus de 235.000, son niveau le plus élevé depuis janvier 2018, suggérant un ralentissement du marché du travail.

Du côté du marché immobilier, les reventes de logements ont baissé de 1,2% en janvier, tombant à leur plus bas niveau depuis novembre 2015.

VALEURS

Sept des 11 grands indices sectoriels S&P 500 ont fini dans le rouge, la plus forte baisse étant pour le compartiment de l'énergie qui a perdu 1,55% dans le sillage des cours du brut.

L'indice de la pharmacie a cédé 0,88%, tiré vers le bas par Johnson & Johnson's (0,68%) qui fait l'objet de plusieurs enquêtes pour des soupçons de présence d'amiante dans ses talcs.

Biogen a décroché de 4,17% après un abaissement de recommandation du courtier Stifel, contribuant à un recul de 1,84% de l'indice Nasdaq Biotech.

Nike, composante du Dow Jones, a abandonné 1,05% après les malheurs largement relayés sur les réseaux sociaux de Zion Williamson, grand espoir du basket américain qui s'est blessé mercredi lorsque l'une de ses chaussures Nike PG 2.5 a éclaté après 33 secondes de jeu pendant un match du championnat universitaire.

Sur le Nasdaq, Tesla a dérapé de 3,74%, sa troisième séance de baisse d'affilée. Le magazine de défense des consommateurs Consumer Reports a dit ne plus pouvoir recommander sa Model 3 en raison de "problèmes de fiabilité."

La plus forte baisse du S&P a été pour TechnipFMC, sanctionné d'un recul de 7,89% après des résultats trimestriels qui ont déçu.

Le producteur de lithium (+7,79%) a signé la meilleure performance de l'indice en réaction à un bénéfice supérieur aux attentes accompagné de perspectives positives.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes avaient auparavant terminé en ordre dispersé. À Paris, le CAC 40 a terminé inchangé à 5.196,11 points, le Footsie britannique a perdu 0,85% et le Dax allemand a pris 0,19%.

L'indice paneuropéen EuroStoxx 50 a gagné 0,13%, le FTSEurofirst 300 a reculé de 0,38% et le Stoxx 600 a abandonné 0,28%.

TAUX

Les rendements des Treasuries ont progressé en réaction aux informations sur des avancées dans les négociations commerciales avec la Chine, à l'image du 10 ans qui s'est adjugé 3,8 points de base à 2,690%. Le rendement des notes à deux ans a progressé de 2,7 pdb à 2,529% et celui des emprunts à 30 ans a pris 4,9 pdb à 3,047%.

Le marché obligataire a fait peu de cas du coup de mou de l'économie américaine que les intervenants jugent passager, l'imputant à la guerre commerciale et aux perturbations liées à la fermeture partielle des administrations fédérales pendant le "shutdown" de 35 jours en décembre et janvier.

CHANGES

Les indicateurs américains inférieurs aux attentes ont pénalisé le dollar une bonne partie de la séance mais la devise américaine s'est reprise en fin de journée, s'affichant stable face à l'euro autour de 1,1330 et progressant contre le sterling et le franc suisse. Face au yen, le billet vert cède toutefois 0,14%, sa première baisse en cinq séances.

L'indice dollar avance de 0,2%.

"Pour l'heure on est un peu coincés dans des marges en attendant le prochain catalyseur", commente John Doyle, chez Tempus à Washington, en faisant allusion aux négociations commerciales et au feuilleton Brexit.

OR

L'or retombe de 1,17% à 1.322,81 dollars, sous la pression de prises de bénéfice après avoir atteint la veille un pic depuis avril 2018 à 1.346 dollars.

Le palladium, après avoir brièvement touché les 1.500 dollars l'once pour la première fois mercredi, reflue lui aussi.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en léger repli sur le Nymex en réaction à l'annonce d'une cinquième semaine consécutive de hausse des stocks de brut aux Etats-Unis, à leur plus haut niveau depuis octobre 2017.

Le contrat mars sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 0,35% à 56,96 dollars le baril. Le Brent de mer du Nord a limité les dégâts en ne cédant plus en clôture que 0,01% à 67,07 dollars.

Tous deux avaient atteint mercredi des plus hauts de 2019 à respectivement 57,55 et 67,38 dollars.

A SUIVRE VENDREDI :

Les marchés suivront avec attention vendredi l'indice Ifo allemand et les chiffres de l'inflation dans la zone euro ainsi qu'un discours à l'université de Bologne du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, à 16h15 GMT.

(avec Caroline Valetkevitch à New York et Shreyashi Sanyal à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)