Le président nigérian et son rival "confiants" à l'issue du scrutin

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L'election presidentielle en cours au nigeria[reuters.com]
(Crédits : Afolabi Sotunde)

par Felix Onuah

ABUJA (Reuters) - Le président nigérian Muhammadu Buhari, qui brigue un second mandat, et son principal adversaire se sont dits confiants de remporter l'élection présidentielle qui s'est tenue samedi avec une semaine de retard sur le calendrier initial.

Quelque 70 candidats étaient en lice, mais deux se détachent: le président sortant et l'homme d'affaires Atiku Abubakar, principal candidat de l'opposition et ancien vice-président (1999-2007). Les analystes s'attendent à un duel serré entre ces deux hommes.

Initialement prévue samedi dernier, l'élection présidentielle au Nigeria, couplée à des législatives, avait été reportée cinq heures à peine avant l'ouverture prévue des bureaux de vote. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait expliqué qu'il n'était pas possible d'accueillir les 72,8 millions d'électeurs inscrits dans de bonnes conditions.

Après la fermeture des bureaux de vote, un responsable de la CENI s'est félicité samedi du bon déroulement du scrutin, qui s'est tenu sans incident majeur.

"La Commission électorale est globalement satisfaite du processus et du déroulement des élections", a-t-il déclaré.

L'heure de fermeture de certains bureaux a néanmoins été repoussée en raison d'une ouverture tardive.

Le dépouillement a commencé dans plusieurs bureaux, ont constaté des journalistes de Reuters.

Dans une allocution télévisée diffusée vendredi, Buhari, ancien chef de junte militaire élu en 2015, avait exhorté ses compatriotes à aller voter. "N'ayez pas peur des rumeurs de violences et de troubles. Nos agences de sécurité ont travaillé assidûment pour s'assurer que des mesures de sécurité adéquates seront en place", a-t-il dit.

L'ENJEU DE LA SÉCURITÉ

Après avoir voté samedi dans sa ville natale de Daura, dans l'Etat de Katsina (nord), il a affiché son optimisme. "Je me féliciterai moi-même, je vais l'emporter", a-t-il dit aux journalistes lui demandant s'il adresserait ses félicitations à son rival si celui-ci est élu.

Atiku a voté plus tard dans la journée dans son Etat d'Adamawa (est). "J'espère une transition réussie", a-t-il dit à la presse.

Le candidat du Parti démocratique du peuple (PDP) a lui aussi lancé un appel à la mobilisation. "Samedi, un vote pour le PDP sera un vote pour que le Nigeria fonctionne à nouveau. Sortez, votez et défendez votre voix", a-t-il écrit sur son fil Twitter.

Le Nigeria, première puissance économique africaine et principal pays producteur de pétrole du continent, est rongé depuis des décennies par la corruption et l'insécurité, notamment liée à la présence des islamistes de Boko Haram dans le Nord-Est.

Soulignant l'urgence de la situation sécuritaire, des habitants de Geidam, dans l'Etat voisin de Yobe, ont dit à Reuters que des militants islamistes avaient attaqué leur ville peu avant le scrutin, les obligeant à fuir. "Nous avons fui, avec nos femmes et nos enfants et des centaines d'autres", a déclaré l'un d'eux, Ibrahim Gobi, à l'agence Reuters.

Dans le même temps, plusieurs explosions ont été entendues samedi à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, dans le nord-est du pays, deux heures à peine avant l'ouverture des bureaux de vote, rapporte un journaliste de Reuters.

L'armée a déclaré qu'il s'agissait d'exercices militaires tandis que le groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest a affirmé avoir mené une attaque.

(avec James Macharia et Paul Carsten à Abuja, Ardo Hazzad à Bauchi et Ahmed Kingimi à Maiduguri; Arthur Connan, Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)