Européennes : Glucksmann officialise sa liste pour "lever un espoir" à gauche

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(Crédits : Tomas Bravo)

PARIS (Reuters) - L'essayiste Raphaël Glucksmann a annoncé vendredi la constitution d'une liste aux élections européennes avec l'ambition de créer une dynamique à même de fédérer une large part de la gauche hors France insoumise, aujourd'hui morcelée.

L'aventure dans laquelle se lance l'intellectuel, cofondateur du jeune mouvement Place publique, ressemble à un pari tant elle suscite de scepticisme, voire de rejet parmi les autres formations de gauche, y compris au Parti socialiste, son allié le plus probable.

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, est favorable à une liste commune emmenée par Raphaël Glucksmann mais il doit encore faire accepter cette option aux autres cadres socialistes lors d'un conseil national, prévu samedi.

"On va lever un espoir, une dynamique, on va créer un effet boule de neige et ça va fonctionner", a déclaré Raphaël Glucksmann sur France Inter.

"On est prêt à prendre la tête de cette campagne et ensuite on demande aux forces politiques de nous rejoindre et chacune des forces politiques qui nous rejoint vient avec ses projets, son identité, ses militants, ses candidats", a-t-il précisé.

Lui-même se propose d'être tête de liste lors du scrutin du 26 mai, en tandem avec la militante écologiste Claire Nouvian.

Olivier Faure mais aussi la maire de Paris, Anne Hidalgo, et celle de Lille, Martine Aubry, ont publié dans la foulée, sur Twitter, des messages de soutien à cette démarche, qui est toutefois loin de susciter un enthousiasme unanime parmi les troupes socialistes.

"UNE VOIX PERDUE POUR LA GAUCHE"

La perspective d'une liste menée par une personnalité extérieure au PS - ce serait une première dans l'histoire du scrutin européen - rebute certaines figures influentes comme l'ex-ministre Stéphane Le Foll et le sénateur Rachid Temal .

"Si je comprends bien les choses, Raphaël Glucksmann et Place publique déploraient l'explosion de la gauche (...) pour au final ajouter une nouvelle liste", a ironisé ce dernier sur Twitter.

Dans un entretien au Figaro, Stéphane Le Foll qualifie le schéma proposé de "mauvaise plaisanterie" et annonce son départ avec "d'autres", du bureau national, l'instance dirigeante du PS, mais pas du parti, ni du conseil national.

"Les écologistes restent écologistes, Benoît Hamon reste Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon reste Jean-Luc Mélenchon et nous, les socialistes, nous devrions nous effacer derrière Raphaël Glucksmann sans débat interne, sans aucune base idéologique et politique, sans ligne stratégique ?" s'étonne l'ancien ministre de l'Agriculture, qui avait brigué l'an dernier la tête du PS face à Olivier Faure.

Le premier secrétaire "a fait ce qu'il voulait faire, seul, de son côté et il devra l'assumer", poursuit-il.

Le choix du ralliement sera soumis, samedi, à un vote des quelque 300 membres du conseil national du PS, qui se réunira à la maison de la chimie, à Paris.

Au-delà du PS, la stratégie de rapprochement s'est pour l'heure heurtée à la fin de non-recevoir opposée, notamment, par l'ex-socialiste Benoît Hamon, fondateur de Génération.s, et Yannick Jadot, tête de liste d'Europe écologie-Les Verts.

Dans un entretien au Monde, Raphaël Glucksmann et Claire Nouvian comptent sur un changement de stratégie de toutes les forces de gauche, en particulier des écologistes.

"Ce n'est pas terminé", dit la militante écologiste. "J'ai dit à Yannick Jadot qu'il faisait une erreur à vouloir partir seul et je ne désespère pas qu'il change d'avis. On l'attend, lui ainsi que les autres."

"Un vote en faveur d'une liste socialiste est une voix perdue pour la gauche", a toutefois jugé vendredi Benoît Hamon sur RTL, balayant ainsi de nouveau l'hypothèse d'une alliance avec son ex-parti.

La candidature de Raphaël Glucksmann a par ailleurs provoqué le retrait provisoire de l'antenne de Léa Salamé, compagne de l'essayiste et intervieweuse politique sur France Inter, "pour préserver l'intégrité de son métier de journaliste", selon les mots de Laurence Bloch, directrice de la station, sur Twitter.

(Simon Carraud et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)