Brexit : Le projet de May dans l'impasse avant le Conseil européen

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Brexit: un 3e vote aux communes peu probable cette semaine, selon barclay[reuters.com]
(Crédits : Handout .)

par Guy Faulconbridge et Kate Holton

LONDRES (Reuters) - Le projet de Brexit de Theresa May se trouvait dans une impasse mardi alors que la perspective d'un troisième vote sur l'Accord de retrait conclu avec les Européens semblait très improbable cette semaine après la décision du président de la Chambre des communes d'exiger un texte suffisamment remanié.

Après deux ans et demi de négociations et à dix jours de la date théorique du divorce, prévu le 29 mars à minuit, l'avenir du Brexit demeure incertain.

Les options envisageables restent une prolongation longue de l'Article 50 du Traité européen, une approbation de l'accord défendu par Theresa May, une sortie sans accord ou un nouveau référendum britannique sur cette question.

Le président des Communes, John Bercow, a fortement contrarié les projets de la Première ministre Theresa May lundi en annonçant qu'il n'autoriserait pas un vote sur un texte identique à celui rejeté le 12 mars.

S'appuyant sur une jurisprudence parlementaire de 1604, le "speaker" a précisé qu'il s'opposerait à un vote des députés sur "une motion identique ou substantiellement identique" à celle que les députés britanniques ont déjà examinée.

Le Parlement de Westminster a refusé à deux reprises de ratifier l'Accord de retrait conclu par les négociateurs britanniques et européens en novembre.

"Je pense que la décision du speaker constitue un obstacle et je pense qu'il rend peu probable un vote cette semaine", a déclaré Steve Barclay, le secrétaire au Brexit, sur la chaîne de télévision Sky. "Notre pays traverse une crise", a-t-il reconnu.

Theresa May doit maintenant participer au Conseil européen qui se tiendra jeudi et vendredi à Bruxelles.

A cette occasion, la chef du gouvernement devrait demander à ses partenaires l'octroi d'un délai le temps qu'elle parvienne à trouver le moyen de faire accepter les conditions du divorce par le Parlement de Westminster.

LES EUROPÉENS À BOUT DE PATIENCE

Plusieurs diplomates européens estiment que la décision des Vingt-Sept dépendra du contenu de la demande des Britanniques mais les chances qu'un feu vert soit donné lors de ce sommet européen sont très minces.

"Il semble que nous devions patienter jusqu'à la semaine suivant le Conseil (européen) pour voir ce qu'il se passe", a dit un diplomate.

La ministre française des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a estimé qu'"en ce moment le Brexit était dans l'impasse. On attend un geste de Londres, une décision, une proposition, une stratégie", a-t-elle dit à Bruxelles.

"Si le Royaume-Uni demande un report, il faut nous dire pourquoi. Il faut qu'il y ait derrière une initiative crébible, et pour le moment on ne sait pas laquelle", a-t-elle ajouté.

Le ministre roumain des Affaires européennes, George Ciamba, a dit attendre des clarifications de la part du gouvernement britannique. "La situation est aujourd'hui moins claire qu'elle ne l'était hier", a-t-il dit. "Il y a des choses que nous ne pouvons pas faire, tel que renégocier l'accord".

Son homologue suédois Hans Dahlgren a exprimé une position identique en affirmant attendre que les Britanniques fassent savoir "ce qu'ils veulent" tout en admettant qu'il existait "une volonté constructive pour que le processus parvienne à son terme".

Le ton est beaucoup plus ferme en Allemagne où le ministre des Affaires européennes Michael Roth a rappelé que les Européens étaient "épuisés" par ces négociations et que leur patience serait bientôt à bout.

"Notre patience est mise à rude épreuve. Chers amis à Londres, s'il vous plaît, tenez vos promesses. Le temps est compté", a-t-il dit devant la presse après des discussions avec ses homologues européens à Bruxelles.

"Je ne peux que répéter encore une fois à nos partenaires à Londres de faire enfin une proposition concrète sur les raisons de la prolongation", a dit Michael Roth.

La semaine passée, Steve Barclay affirmait que le Royaume-Uni ne devait pas avoir peur d'un divorce sans accord. Sa position paraît avoir évolué cette semaine, précisant que le gouvernement examinait désormais différentes options et évolutions des circonstances.

Le principal point de discorde demeure le filet de sécurité ("backstop") destiné à empêcher le rétablissement d'une frontière physique entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord.

De nombreux partisans du Brexit ainsi que les dirigeants du Parti unioniste démocratique (DUP) nord-irlandais redoutent que cette clause ne piège le Royaume-Uni dans une union douanière dont il ne pourrait plus sortir.

(Guy Faulconbridge; Pierre Sérisier pour le service français)