Tollé et plainte après les propos de Bardot sur les Réunionnais

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Le prefet de la reunion porte plainte contre brigitte bardot[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION (Reuters) - Le préfet de La Réunion a annoncé mercredi qu'il saisissait le procureur de la République de Saint-Denis au sujet d'une lettre sur la maltraitance animale "comportant des termes injurieux et racistes" que lui a adressé Brigitte Bardot.

Dans ce courrier, également reçu mardi par la presse insulaire, l'ancienne actrice qualifie les Réunionnais "d'autochtones ayant gardé leurs gènes de sauvages" en dénonçant "la barbarie" qu'ils exerceraient sur les animaux, se fondant sur des lettres reçues par sa Fondation.

Brigitte Bardot mentionne également les "décapitations de chèvres et de boucs" lors des fêtes hindouistes, associant ces pratiques à des "réminiscences de cannibalisme des siècles passés". Entre autres propos, elle traite les habitants de La Réunion de "population dégénérée encore imprégnée des coutumes ancestrales, des traditions barbares qui sont leurs souches".

Ces outrances provoquent un tollé sur l'île française de l'océan Indien depuis 24 heures. Terminant mardi soir une visite à La Réunion, Annick Girardin, ministre des Outre-mer, a indiqué qu'elle s'associerait à la plainte du préfet Amaury de Saint-Quentin, estimant que "le racisme n'a pas sa place dans le débat d'idées".

Didier Robert, président du conseil régional, a également annoncé qu'il portait plainte contre Brigitte Bardot, tout comme le président de l'association des maires de l'île et Jean-Hugues Ratenon, député réunionnais de La France Insoumise.

"PROPOS INDIGNES"

Ce dernier a fait part de son indignation mercredi lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, où il a reçu le soutien du gouvernement et celui du président de la chambre basse, Richard Ferrand.

"L'ensemble de cet hémicycle ne peut avoir qu'un sentiment de mépris à l'égard des propos qui ont été tenus à l'égard de nos compatriotes réunionnais", a dit Richard Ferrand, approuvé par les applaudissements des députés.

Julien Denormandie, ministre du Logement, a lui aussi fait part de son indignation.

"Je voudrais à mon tour condamner au nom du gouvernement, de la manière la plus solennelle possible, de la manière la plus ferme possible, ces propos indignes qui ont été tenus à l'encontre de nos compatriotes réunionnais", a-t-il dit.

Les propos de l'ancienne actrice "ne peuvent être acceptés dans l'enceinte de la République et de ce qui nous unit toutes et tous, partout sur le territoire."

Des cas de maltraitance d'animaux domestiques sont régulièrement rapportés par les médias de la Réunion et les réseaux sociaux, sans que l'ampleur du phénomène puisse être mesuré ni comparé avec des faits similaires constatés sur d'autres territoires.

Le nombre de chiens errants est estimé à 42.000 à La Réunion, selon une étude publiée fin 2018 par la préfecture. Un plan de lutte contre l'errance animale préconise le développement de la stérilisation des chiens et des chats, ces derniers s'attaquant à des espèces protégées quand ils reviennent à l'état sauvage.

Les sacrifices d'animaux lors des cérémonies religieuses, hindouistes mais aussi musulmanes, font d'autre part l'objet d'une relative tolérance des autorités sur l'île multiculturelle qu'est La Réunion.

(Bernard Grollier, avec Elizabeth Pineau à Paris, édité par Yves Clarisse)