Damas jure de reprendre le Golan, après les propos de Trump

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Plateau du golan: la syrie condamne les propos irresponsables de trump[reuters.com]
(Crédits : Joshua Roberts)

BEYROUTH (Reuters) - Le régime syrien s'est juré vendredi de récupérer les hauteurs du Golan par "tous les moyens possibles", et ses alliés comme certains de ses adversaires ont condamné les propos de Donald Trump, qui, jeudi, a jugé le moment venu pour Washington de reconnaître la souveraineté d'Israël sur ce plateau.

Dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle Sana, une source autorisée syrienne estime que la déclaration de Trump illustre le "soutien aveugle des Etats-Unis" à Israël et ajoute que Damas est déterminé à récupérer le plateau du Golan par "tous les moyens possibles".

Les déclarations de Donald Trump ne changent rien à "la réalité que le Golan est et restera syrien, arabe", ajoute cette source, estimant que les propos du président américain reflètent une violation flagrante de résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu.

A Moscou, également, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, citée par l'agence de presse RIA, a déclaré que tout changement de statut du Golan représenterait une violation flagrante des décisions des Nations unies sur cette question.

De la même façon, l'Iran, grand allié régional du régime de Damas, a jugé illégale et inacceptable une reconnaissance par Washington de la souveraineté israélienne sur le Golan.

UNE AUBAINE POUR NETANYAHU

"Cette reconnaissance illégale et inacceptable ne change rien au fait qu'il (le Golan) appartient à la Syrie", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, cité par la télévision nationale iranienne.

L'Union européenne a dit vendredi matin ne pas reconnaître la souveraineté d'Israël sur le Golan, et la France a fait de même en soulignant qu'une telle reconnaissance "serait contraire au droit international".

Quant au président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui n'est en rien allié à Damas, il estime qu'"Il ne faut pas permettre de légitimer l'occupation des hauteurs du Golan" et que les propos de Donald Trump ont placé la région au bord d'une nouvelle crise.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a dit pour sa part que les propos de Donald Trump étaient "totalement étrangers au droit international". La Ligue arabe a suspendu la Syrie en 2011, dès la première année du conflit civil syrien.

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG, qui regroupe des Etats arabes, dont le Koweït et l'Arabie saoudite) a dit regretter les propos de Trump sur le Golan.

Son secrétaire général, Abdoul Latif Al Zayani, a estimé que "les déclarations du président américain fragilisent les chances de parvenir à une paix juste et globale".

Israël, qui s'est emparé du plateau du Golan en 1967, lors de la guerre des Six Jours, l'a annexé en 1981, ce que le Conseil de sécurité de l'Onu a jugé nul et non avenu.

Les propos de Donald Trump sur le Golan constituent un tournant diplomatique de la part des Américains et un appui bienvenu pour le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à un peu moins de trois semaines des élections législatives du 9 avril, annoncées comme serrées.

Le chef du gouvernement israélien pressait depuis un certain temps les Etats-Unis de reconnaître la souveraineté sur le Golan et avait soulevé cette question lors de sa première rencontre avec Donald Trump à la Maison blanche, en février 2017.

(Ali Abdelaty au Caire et Tom Perry à Beyrouth; Jean Terzian et Eric Faye pour le service français)