Paris privilégie la présidence de la Commission à celle de la BCE

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(Crédits : Toby Melville)

par Leigh Thomas

PARIS (Reuters) - La France compte concentrer ses efforts pour tenter d'obtenir la présidence de la prochaine Commission européenne plutôt que briguer celle de la Banque centrale européenne (BCE), ont déclaré trois sources proches du dossier.

La décision, qui revient à Emmanuel Macron, n'a pas encore été prise formellement mais une des sources a dit que le président français privilégiait cet arbitrage.

L'Elysée a refusé de commenter ce qu'elle a qualifié de "spéculations". "C'est trop tôt", a dit une quatrième source.

La nouvelle Commission européenne sera nommée après les élections européennes de la fin mai. Le mandat du président de la BCE, Mario Draghi, s'achèvera quant à lui le 31 octobre.

"Il y a des excellents candidats français pour la BCE mais, si vous voulez influencer le futur de l'Europe, la Commission est plus importante", a dit une source gouvernementale française.

Selon une seconde source, au fait des réflexions au sein du gouvernement français, "la Commission est le poste le plus important car c'est le poste plus politique. La BCE a déjà fait ce qu'elle pouvait faire" pour l'Europe.

Le dernier président français de la Commission était Jacques Delors, jusqu'au milieu des années 1990, alors que Jean-Claude Trichet a quitté la présidence de la BCE en 2011.

Pour la présidence de la Commission, un proche d'Emmanuel Macron a déclaré le mois dernier que le président français soutiendrait la candidature de Michel Barnier s'il était en mesure de l'emporter. "Chaque chose en son temps", avait auparavant déclaré Le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit.

Le choix du président de la Commission dépendra du groupe arrivant en tête aux élections européennes.

BARNIER ATTEND SON HEURE

En temps normal, le poste devrait revenir à l'Allemand Manfred Weber, qui a obtenu le soutien du Parti populaire européen (PPE), le groupe le plus important au Parlement européen. Mais les sondages montrent que le PPE chutera et que même une alliance - classique dans le passé - avec le deuxième groupe en importance, constitué de sociaux-démocrates et également en forte baisse annoncée, ne serait pas majoritaire.

Emmanuel Macron oeuvre quant à lui à la construction d'une alliance avec une série de formations centristes qui pèserait, en coalition avec les Verts, les libéraux et les sociaux-démocrates, notamment sur le choix du prochain président.

Michel Barnier, qui est toujours membre des Républicains, composante française du PPE, pourrait ainsi devenir le candidat de recours.

La France ne manque pas de candidats à la présidence de la BCE, au premier rang desquels le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui jouit, selon une troisième source, de beaucoup de soutiens en Europe et dont la possible candidature est prise très au sérieux, y compris à Berlin. Benoît Coeuré, membre respecté du directoire de la BCE, est également considéré un choix possible.

Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a assuré la semaine dernière que la France défendrait ses intérêts dans ces futurs choix.

"Je suis convaincu que le président de la République aura à coeur sur ses choix de peser au maximum pour défendre une conception que nous avons d'un continent européen qui s'affirme comme une puissance souveraine entre la Chine et les Etats-Unis", a-t-il dit au Sénat.

"Les personnes qui occuperont les postes de responsabilité à la Commission ou la Banque centrale européenne ou ailleurs joueront un rôle majeur", a-t-il ajouté.

(avec Jean-Baptiste Vey, Myriam Rivet pour le service français, édité par Yves Clarisse)