Finlande : Les sociaux-démocrates en quête d'alliés pour former un gouvernement

reuters.com  |   |  568  mots
Les sociaux-democrates en quete d'allies pour former un gouvernement[reuters.com]
(Crédits : Attila Cser)

HELSINKI (Reuters) - Les sociaux-démocrates, qui ont remporté une très courte victoire sur le parti des Vrais Finlandais (extrême droite) aux élections législatives finlandaises, se sont mis lundi à la recherche d'alliés pour former un gouvernement de coalition.

Le Parti social-démocrate (SDP) est arrivé en tête du scrutin de dimanche avec 17,7% des voix, juste devant les Vrais Finlandais qui ont recueilli 17,5% des suffrages.

Le dirigeant du SDP, Antti Rinne, espère convaincre deux partis de gauche, l'Alliance de gauche et les Verts, de le rejoindre au sein d'une coalition.

"A première vue, ce sont nos partenaires naturels", a-t-il déclaré à Lannen Media.

Les Verts ont obtenu dimanche 11,5% des voix, l'Alliance de gauche 8,2%.

Les négociations risquent toutefois de durer plusieurs semaines.

C'est la première fois dans l'histoire politique de la Finlande qu'aucun parti ne parvient à atteindre 20% des suffrages, ce qui souligne les profondes divisions de la société sur des sujets comme l'immigration, l'environnement et la survie du système de protection sociale.

Antti Rinne, un ancien syndicaliste de 56 ans, devra, en plus des Verts et de l'Alliance de gauche, obtenir le soutien d'un autre parti pour obtenir une majorité au Parlement.

Il pourrait se tourner vers les centristes et le centre-droit mais ceux-ci sont en désaccord avec lui sur l'avenir des services publics et de la protection sociale, face aux problèmes que pose une population de plus en plus âgée.

Il a exclu toute possibilité d'accord avec les Vrais Finlandais.

Le Parti de Coalition nationale (centre droit) du ministre des Finances sortant Petteri Orpo est arrivé troisième des élections avec 17,0% des voix et le Parti du Centre du Premier ministre sortant Juha Sipila quatrième avec 13,8%.

UN PARLEMENT FRAGMENTÉ

Dans l'attente de la formation d'un nouveau gouvernement, Juha Sipila continue d'expédier les affaires courantes.

Selon le quotidien économique Kauppalehti, le futur gouvernement sera très probablement formé autour des sociaux-démocrates, de la Coalition nationale et des Verts mais Antti Rinne, qui devrait être le premier chef de gouvernement social-démocrate en Finlande depuis vingt ans, aura beaucoup à faire pour s'assurer une majorité au Parlement.

Le SDP n'a plus gagné de législatives depuis sa victoire de 1999 mais a servi par la suite de force d'appoint à différentes alliances gouvernementales.

La victoire des sociaux-démocrates, qui ont mené campagne sur la nécessité d'augmenter les impôts pour renforcer l'Etat-providence et combattre les inégalités économiques, marque une inflexion des tendances observées dans les pays scandinaves.

Le résultat du scrutin finlandais devrait être largement commenté à Bruxelles.

A l'issue des élections européennes de la fin mai, les Vrais Finlandais comptent s'allier à la Ligue italienne de Matteo Salvini et à d'autres partis d'extrême droite au Parlement européen afin de peser sur la politique continentale.

Une série de crimes sexuels commis sur des mineurs par des ressortissants étrangers depuis le début de l'année a étayé le discours de cette formation nationaliste et anti-immigration dirigée par Jussi Halla-aho.

De même que les sociaux-démocrates s'appuient sur le sentiment d'insécurité économique croissant d'une population vieillissante, les Vrais Finlandais soutiennent que le pays est allé trop loin, et à ses dépens, sur des questions comme le changement climatique ou l'accueil des migrants.

(Anne Kauranen; Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse, Arthur Connan et Guy Kerivel pour le service français)