Notre-Dame : Pas de défiscalisation pour LVMH et la famille Arnault

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Notre-dame: le don de lvmh et de la famille arnault ne sera pas defiscalise[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Le don de 200 millions d'euros promis par LVMH et la holding familiale Arnault pour la reconstruction de Notre-Dame ne sera pas défiscalisé, a déclaré jeudi Bernard Arnault, PDG du groupe de luxe, regrettant une "fausse polémique" dictée par la "mesquinerie et la jalousie".

L'ampleur des promesses de dons consenties par les grandes fortunes françaises - les familles Arnault, Pinault (principal actionnaire de Kering) et Bettencourt, premier actionnaire de L'Oréal - a déclenché un début de polémique en France sur le coût que représentent, pour l'Etat, les réductions fiscales permises par la loi sur le mécénat.

"La loi sur le mécénat ne s'applique pas à la société familiale, qui ne réalise pas de chiffre d'affaires, et pour le groupe LVMH, le plafond est atteint avec la Fondation Louis Vuitton, a dit Bernard Arnault en réponse à une question lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe.

Depuis la loi Aillagon de 2003, les entreprises françaises investissant dans le mécénat peuvent déduire de leurs impôts 60% des dépenses engagées, dans la limite de 0,5% de leur chiffre d'affaires.

Ces déclarations interviennent alors que la famille Pinault a annoncé la veille renoncer à tout avantage fiscal lié au don de 100 millions d'euros qu'elle allait consentir pour la reconstruction de la cathédrale ravagée par le feu.

Artemis (la holding de la famille Pinault) "est une société anonyme, qui dégage du chiffre d'affaires et peut faire valoir ses droits à une défiscalisation dans le cadre de la loi", a-t-on précisé après de la holding.

Bernard Arnault a quant à lui jugé "assez consternant de voir qu'en France on se fait critiquer même quand on fait une oeuvre d'intérêt général".

"Ça fait partie hélas de ce que l'on peut voir dans certaines émissions de télévision ou règnent plutôt la mesquinerie et la jalousie", a-t-il poursuivi.

Applaudi, il a invité les actionnaires de LVMH à faire part de leur "consternation" sur les réseaux sociaux, "s'ils se sentent satisfaits du don que nous faisons pour la reconstruction de cette église unique qui est un symbole éternel de la France".

Joël Giraud (LaREM), rapporteur général de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, avait rapidement critiqué, dans une interview au Monde, le coût pour les finances publiques et le contribuable de l'avantage fiscal lié aux dons les plus importants.

Ces critiques ont ensuite été relayées par la Fondation Abbé Pierre et certaines personnalités politiques, de gauche comme de droite.

Le Medef a déploré pour sa part des polémiques "inutiles" qui "viennent ternir le formidable élan de solidarité qui s'est manifesté pour aider à sa reconstruction".

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)