L'AP-HP se défend de "ficher" les patients "Gilets jaunes"

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L'ap-hp se defend de ficher les patients gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - L'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) s'est défendu samedi de "ficher" les patients qui auraient participé aux manifestations de "Gilets jaunes", après des plaintes de du Conseil national de l'Ordre des médecins et de manifestants.

Le Conseil de l'Ordre des médecins (CNOM) a saisi vendredi la Direction Générale de la Santé (DGS) et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) au sujet de l'utilisation du système d'identification des victimes, appelé SI-VIC, dans le cadre des manifestations des "Gilets jaunes".

Plusieurs médecins ont dénoncé dans les derniers jours des directives de leur administration leur demandant de saisir l'identité des victimes sur ce programme, normalement utilisé, selon le Conseil de l'Ordre dans "une situation sanitaire exceptionnelle".

"Partageant les interrogations de ces médecins au regard du secret médical, le CNOM a saisi dès le 15 avril la Direction générale de la Santé", peut-on lire dans un communiqué du Conseil de l'Ordre.

"Le fichier SI-VIC, c'est un fichier utilisé en cas d'attentat, quand il y a un grand nombre de victimes", a dit samedi le médecin urgentiste à l'Hôtel-Dieu, Gérald Kierzek, sur France info. "Là, il est détourné. On n'est pas du tout dans une situation sanitaire exceptionnelle. C'est de la délation qu'on nous demande de faire".

Sébastien Maillet, "Gilet jaune" grièvement blessé à la main lors d'une manifestation en février, a porté plainte contre X pour un possible fichage illicite, selon son avocat Arié Alimi.

"Ce fichage est un fichage illégal, discriminatoire. Il discrimine en raison de l'appartenance politique et en plus, il est profondément odieux puisqu'il vise des personnes qui pour certaines ont subi des mutilations graves", a-t-il dit sur France info.

Dans un communiqué intitulé "Mise au point sur un prétendu 'fichage' de patients", l'AP-HP explique que le SI-VIC est un dispositif géré par le ministère de la Santé qui a pour objectif d'aider les autorités sanitaires à anticiper le nombre de blessés d'un évènement et ses conséquences pour l'organisation des hôpitaux.

Il est utilisé en cas de grave accident sur la voie publique, incendie, attentat ou tout autre "grand évènement susceptible de conduire un nombre important de victimes", ajoute-t-elle, en précisant que "certaines manifestations de ces derniers mois ont été des évènements sanitaires importants".

"SI-VIC a joué son rôle dans une période où toute erreur dans la prise en charge des malades aurait été un élément de renforcement de la violence", ajoute l'AP-HP.

Elle précise que le SI-VIC n'a jamais partagé d'informations dans les dernières semaines avec SINUS, un autre dispositif déclenché lui par le ministère de l'Intérieur sur des "théâtres de crise" pour identifier les victimes, les compter et suivre leur prise en charge.

(Caroline Pailliez, édité par Eric Faye)