Des ténors démocrates laissent l'option d'un "impeachment" sur la table

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Des tenors democrates laissent l'option d'un impeachment sur la table[reuters.com]
(Crédits : Joshua Roberts)

WASHINGTON (Reuters) - La possibilité de lancer une procédure de destitution à l'encontre de Donald Trump sur la base du rapport de Robert Mueller sur son "enquête russe" reste sur la table, ont déclaré dimanche deux ténors du Parti démocrate au Congrès.

Jerrold Nadler, président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, où les démocrates sont majoritaires, et Adam Schiff, qui préside la commission du Renseignement, s'exprimaient alors qu'Elizabeth Warren, candidate déclarée à l'investiture du parti pour la présidentielle de 2020, a réclamé que cette procédure soit lancée.

"L'entrave à la justice, si elle est prouvée, serait un motif de destitution", a reconnu Nadler sur NBC. Mais l'élu démocrate a souligné qu'il faudrait d'abord vérifier si les éléments contenus dans l'"enquête russe" relèvent effectivement de l'obstruction au cours de la justice.

Il a d'ores et déjà réclamé la version intégrale du rapport Mueller et souhaite entendre en commission le procureur spécial d'ici au 23 mai.

Rendu public jeudi dans une version expurgée, le rapport Mueller, résultat d'une enquête de 22 mois sur l'influence que Moscou a cherché à exercer sur la présidentielle de 2016, recense une dizaine d'exemples de pressions et de tentatives menées par Trump pour freiner l'"enquête russe".

"Les preuves que nous avons obtenues sur les actes et l'intention du président présentent des points difficiles qui nous empêchent de déterminer de façon concluante qu'aucune conduite criminelle n'a eu lieu. En conséquence, même si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l'exonère pas non plus", peut-on notamment lire dans ce rapport de 448 pages.

Et Mueller note que le Congrès a l'autorité nécessaire pour étudier si Trump a ou non violé la loi.

"Cela va être une décision très lourde de conséquence", a relevé Adam Schiff, invité lui sur Fox News. "Je vais réserver mon jugement tant que nous n'aurons pas la possibilité de délibérer pleinement sur ce sujet."

DEUX PROCÉDURES DANS L'HISTOIRE, DEUX ÉCHECS

L'ouverture d'une procédure d'"impeachment" relève de la Chambre des représentants, où un vote à la majorité simple suffit. Mais il appartient ensuite au Sénat de trancher, par un vote à la majorité qualifiée des deux tiers.

Si les démocrates sont majoritaires à la Chambre, ils sont en revanche minoritaires au Sénat, où les républicains contrôlent 53 des 100 sièges.

La dernière procédure en destitution de l'histoire américaine a été lancée en décembre 1998 contre le président démocrate Bill Clinton pour parjure et obstruction à la justice. L'accusation visait ses affirmations sous serment quand il avait nié toute relation sexuelle avec Monica Lewinsky, stagiaire à la Maison blanche. La procédure avait été stoppée devant le Sénat et Clinton avait été innocenté.

L'autre procédure dans l'histoire récente remonte au Watergate et à l'accusation contre le républicain Richard Nixon dans le scandale du Watergate, une affaire d'intrusion dans les locaux de l'immeuble abritant le Comité national démocrate à Washington en 1972. Nixon avait démissionné en 1974, sans attendre l'issue de la procédure.

Le seul précédent remonte à 1868 quand la Chambre des représentants avait voté la destitution du président Andrew Johnson, poursuivi pour avoir limogé son secrétaire à la Guerre. Il avait ensuite été acquitté et maintenu dans ses fonctions par le Sénat.

(Sarah N. Lynch et Yasmeen Abutaleb, avec Jan Wolfe; Henri-Pierre André pour le service français)