Pelosi reconnaît les avis divergents des démocrates sur le rapport Mueller

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(Crédits : Yuri Gripas)

WASHINGTON (Reuters) - Les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, ont des avis divergents sur les suites à donner à la publication du rapport du procureur spécial Robert Mueller sur son "enquête russe", a reconnu lundi la présidente de la chambre, Nancy Pelosi.

"Même si nos avis varient entre poursuivre en enquêtant sur les conclusions du rapport Mueller et poursuivre directement par un 'impeachment', nous sommes tous totalement d'accord pour dire que nous devons progresser sur la voie de la découverte de la vérité", écrit l'élue de San Francisco dans une lettre à ses collègues démocrates.

Elle souligne aussi qu'il est possible de tenir un président responsable de ses actes en dehors d'une procédure de destitution (impeachment). La présidente de la Chambre des représentants insiste également sur la nécessité de procéder "sans passion ni préjugé, mais sur le strict exposé des faits".

La possibilité de lancer une procédure de destitution à l'encontre de Donald Trump sur la base du rapport de Robert Mueller, dont une version expurgée a été publiée jeudi dernier, ne fait pas l'unanimité parmi les démocrates.

Nombre d'entre eux, à commencer par Nancy Pelosi et Steny Hoyer, qui dirige le groupe démocrate à la Chambre, estiment qu'à dix-huit mois de l'élection présidentielle, il ne serait pas opportun de se lancer dans cette procédure qui n'a jamais abouti dans l'histoire américaine et qui, surtout, permettrait à Trump de se présenter en victime.

La sénatrice Elizabeth Warren, candidate déclarée à l'investiture du parti pour la présidentielle de 2020, a réclamé la semaine passée que la Chambre des représentants lance la procédure.

L'ANCIEN CONSEILLER JURIDIQUE DE TRUMP CONVOQUÉ

DEVANT LA COMMISSION JUDICIAIRE

Jerrold Nadler, président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, a admis dimanche sur NBC que "l'entrave à la justice, si elle est prouvée, serait un motif de destitution".

Nadler, qui a réclamé par voie d'assignation la version intégrale du rapport et cité à comparaître d'ici au 23 mai le procureur Mueller, a délivré lundi une nouvelle assignation afin d'auditionner le 21 prochain un ancien conseil juridique de la Maison blanche, Don McGahn.

"M. McGahn est un témoin crucial de nombre d'occurrences allégués d'obstruction de la justice et autres manquements décrits dans le rapport Mueller", explique-t-il dans un communiqué.

Rendu public jeudi dans une version expurgée, le rapport Mueller, résultat d'une enquête de 22 mois sur l'influence que Moscou a cherché à exercer sur la présidentielle de 2016, recense une dizaine d'exemples de pressions et de tentatives menées par Trump pour freiner l'"enquête russe".

Il décrit notamment comme Trump a vainement demandé à McGahn d'obtenir le renvoi du procureur Mueller un mois après la nomination de ce dernier.

Mais le camp présidentiel insiste: à ses yeux, le rapport Mueller conclut qu'il n'y a eu ni collusion avec Moscou ni entrave à la justice. "Comment peut-on destituer un président républicain pour un crime qui a été commis par les démocrates ?", a tweeté et retweeté Trump en ce week-end de Pâques.

L'ouverture d'une procédure d'"impeachment" relève de la Chambre des représentants, où un vote à la majorité simple suffit. Mais il appartient ensuite au Sénat de trancher, par un vote à la majorité qualifiée des deux tiers.

Si les démocrates sont majoritaires à la Chambre, ils sont en revanche minoritaires au Sénat, où les républicains contrôlent 53 des 100 sièges.

(Susan Cornwell; Henri-Pierre André pour le service français)