Le président d'UniCredit n'exclut pas une aide du secteur à Carige

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ROME/MILAN (Reuters) - Des banques italiennes pourraient venir à la rescousse de Banca Carige pour assurer la stabilité du système financier de l'Italie après le retrait de BlackRock du plan de sauvetage initialement envisagé pour l'établissement génois, a déclaré mercredi le président d'UniCredit.

La décision, la semaine dernière, de BlackRock, numéro un mondial de la gestion d'actifs, de ne pas souscrire à une émission de titres Carige de 720 millions d'euros, a mis en péril le plan prévu pour sauver la banque régionale en difficulté.

En l'absence d'un plan financé par des banques italiennes, Rome serait contrainte de se lancer dans une nouvelle intervention publique coûteuse, deux ans après le sauvetage de Monte dei Paschi di Siena et de deux petites banques de Vénétie, dans le nord-est de la péninsule.

"Si la stabilité du système financier est en jeu, une opération menée par le secteur bancaire, à laquelle tous les établissements contribueraient de manière proportionnelle, pourrait être appropriée", a déclaré à la presse Fabrizio Saccomanni, président d'Unicredit, la première banque italienne, en marge d'un colloque du secteur.

Les dirigeants des autres banques semblent toutefois s'opposer à cette idée.

Carlo Messina, l'administrateur délégué d'Intesa Sanpaolo, a par exemple exclu de remettre au pot pour renforcer les fonds propres de Carige.

L'indice regroupant les valeurs bancaires italiennes a terminé sur un repli de 1,31%, tirant vers le bas l'indice vedette de la Bourse de Milan (-0,22%), alors que l'indice bancaire européen a perdu 0,17%.

RISQUE DE DEVENIR ACTIONNAIRE MAJORITAIRE

Dans le cadre du projet abandonné, les grandes banques italiennes devaient convertir en actions 320 millions d'euros d'obligations hybrides de Carige acquises en novembre 2018. Cela aurait permis à ces banques de détenir ensemble 43% du capital de l'établissement génois en difficulté.

Les responsables du fonds bancaire italien (FITD) ont déclaré qu'ils ne souhaitaient pas combler le manque de fonds propres de Carige, car le FITD n'entend pas devenir actionnaire majoritaire de la banque.

"Ce n'est pas raisonnable et personne n'a intérêt à se retrouver avec une banque contrôlée par le fonds", a déclaré Carlo Messina.

Le FITD est financé par les banques italiennes et a pour objectif officiel de garantir des dépôts bancaires allant jusqu'à 100.000 euros.

Les grandes banques italiennes sont parvenues à renforcer leurs fonds propres au cours des deux dernières années et ont cédé des milliards d'euros de créances douteuses.

Mais les petits établissements font toujours face à des prêts irrécouvrables tout en restant à l'écart d'une consolidation du secteur. Le principal actionnaire de Carige, la famille Malacalza, s'est prononcée l'an dernier contre une augmentation de capital de la banque, ce qui a amené la Banque centrale européenne (BCE) à placer l'établissement sous administration spéciale en janvier.

Une intervention des autorités de l'Union européenne aux côtés de Rome sera nécessaire pour sauver Carige, a déclaré mercredi Giancarlo Giorgetti, le secrétaire à la présidence du Conseil italien.

"L'intervention du gouvernement ne suffit pas. Une action est nécessaire au niveau européen", a-t-il dit à la presse.

(Stefano Bernabei et Gianluca Semeraro et Angelo Amante; Catherine Mallebay-Vacqueur et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey et Benoît Van Overstraeten)