Le taux de chômage en France à un plus bas de 10 ans

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France: taux de chomage a un plus bas de dix ans au 1er trimestre[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le taux de chômage calculé selon les normes du Bureau international du travail (BIT) s'est replié de 0,1 point au premier trimestre en France pour s'établir à 8,7% de la population active, soit un plus bas depuis début 2009, selon les données publiées jeudi par l'Insee.

Pour la seule France métropolitaine, il s'inscrit également en baisse de 0,1 point à 8,4%, là aussi à un plus bas de dix ans.

Dans ses dernières prévisions, publiées en mars, l'Insee tablait pourtant sur une stabilisation du taux de chômage après le recul plus fort que prévu (0,3 point) enregistré en fin d'année 2018. L'institut statistique s'attendait à ce qu'il se maintienne à 8,8% pour la France entière (départements d'Outre-mer inclus, hors Mayotte), à la fin du premier trimestre.

Sur un an, le taux de chômage reflue de 0,5 point, à la fois sur la seule France métropolitaine et au niveau de la France entière.

"C'est le meilleur résultat qu'on ait [eu] depuis 10 ans", a salué Edouard Philippe sur RTL. "C'est une baisse continue du chômage depuis deux ans, du chômage taux général, du chômage des jeunes".

Pour le Premier ministre, "c'est un bon signe" qui doit inciter le gouvernement à "continuer (...) avec cohérence, avec constance, avec détermination".

TAUX D'EMPLOI AU PLUS HAUT DEPUIS LES ANNÉES 1980

Parallèlement à cette poursuite du recul du taux de chômage - néanmoins inscrite dans la marge d'erreur de cette estimation "à plus ou moins 0,3 point près" - d'autres indicateurs suggèrent une amélioration de la situation sur le marché du travail.

Le taux de chômage de longue durée a poursuivi son inflexion pour revenir à ses niveaux d'avant-crise, le taux d'emploi se maintient au plus haut depuis 1980, tandis que la proportion d'emplois à temps complet a atteint un niveau record et la part du sous-emploi a nettement diminué.

Parmi les chômeurs recensés en métropole, le nombre de personnes déclarant rechercher un emploi depuis au moins un an, passé sous le seuil du million au troisième trimestre 2018, confirme la baisse amorcée fin 2017 et s'établit à 963.000 au premier trimestre, relève l'Insee.

Le taux de chômage de longue durée en France métropolitaine s'établit ainsi à 3,3% de la population active (-0,1 point sur le trimestre et -0,3 point sur un an). Il touche ainsi un plus bas depuis fin 2009 alors qu'il était resté ancré autour de 4,2% à 4,3% entre début 2014 et le quatrième trimestre 2017, à des plus hauts niveaux depuis le début de cette série statistique, en 2003.

Malgré le ralentissement des créations d'emploi ces derniers mois sur fond de tassement de la croissance, le taux d'emploi des 15-64 ans est resté stable à 66,1% en France métropolitaine, demeurant à son plus haut niveau depuis 1980. Il affiche une hausse de 0,3 point sur un an.

Sur les trois premiers mois de l'année, le taux d'emploi à temps complet a progressé pour atteindre son plus haut niveau depuis 2003, à 54,5% et le sous-emploi (qui caractérise principalement des personnes à temps partiel désireuses de travailler davantage) a reculé de 0,4 point pour s'établir à 5,3%, souligne l'Inse.

NOUVEAUX OBJECTIFS POUR LE GOUVERNEMENT

Dans le détail, en se fondant sur les critères du BIT, ce qui permet les comparaisons internationales, le nombre de chômeurs s'élevait à 2,4 millions en France métropolitaine en moyenne au premier trimestre, soit 19.000 personnes de moins que sur les trois derniers mois de 2018.

A titre de comparaison, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité (catégorie A) inscrits à Pôle emploi atteignait 3,4 millions de personnes à fin mars.

Au premier trimestre, le taux de chômage en France métropolitaine a reculé de 0,2 point chez les 25-49 ans mais a évolué à l'inverse de la tendance dans les autres tranches d'âge, avec une progression de 0,4 point chez les jeunes et une hausse de 0,3 point pour les 50 ans et plus. Sur un an, le recul a en revanche concerné toutes les catégories.

L'Insee a par ailleurs recensé 1,4 million de personnes souhaitant un emploi sans être considérées comme des chômeurs par le BIT, parce qu'elles ne sont pas disponibles dans l'immédiat ou qu'elles ne cherchent pas activement.

Cette population, qualifiée de "halo du chômage", a diminué de 80.000 entre fin 2018 et début 2019 et a reculé de 89.000 sur un an.

La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, interrogée sur Radio classique, s'est réjouie "de voir que ce que (l'exécutif) a mis en place depuis deux ans maintenant commence doucement à porter ses fruits".

Mais le chef économiste de Saxo Bank Christopher Dembik a souligné sur Twitter qu'il fallait "reconnaître aussi les choix économiques judicieux de la fin du mandat Hollande" en soulignant que le cycle économique ne reflète pas uniquement le cours des élections.

Philippe Waechter, chef économiste d'Ostrum Asset Management, observe quant à lui dans une note que le taux de chômage reflue de façon quasi continue depuis son pic du deuxième trimestre 2015 à 10,2%.

Selon lui, "l'atteinte d'un taux de chômage à 7% et le maintien à ce niveau suppose un taux de croissance fort dans la durée et probablement un changement dans la dynamique du chômage afin que celui-ci baisse de façon plus rapide".

Réaffirmé par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 25 avril, cet objectif d'un taux de chômage ramené à 7% à la fin du quinquennat a été assorti par le chef de l'Etat d'une ambition supplémentaire, le retour au plein emploi en 2025.

Le Premier ministre Edouard Philippe s'est en revanche montré plus prudent sur l'échéance.

"Faire en sorte de réduire le chômage de masse (...) c'est indispensable, c'est notre objectif et nous devons nous fixer un objectif de plein emploi", a-t-il dit jeudi matin sur franceinfo. Mais "il n'y aurait rien de pire que de vous donner une date", a-t-il ajouté.

François Hollande, qui avait conditionné sa candidature à la présidentielle de 2017 à une inversion de la courbe du chômage, avait finalement renoncé à briguer un deuxième mandat.

(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)