L’anesthésiste de Besançon soupçonné de 17 nouveaux crimes

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L’anesthesiste de besancon soupconne de 17 nouveaux crimes[reuters.com]
(Crédits : Michael Buholzer)

STRASBOURG (Reuters) - Le docteur Frédéric Péchier, un médecin anesthésiste de Besançon déjà poursuivi pour sept empoisonnements, dont deux mortels, se voit imputer 17 nouveaux cas, dont sept ont été suivis d'un décès, a annoncé jeudi le procureur de la République.

Placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer depuis sa première mise en examen, en mars 2017, le praticien de 47 ans, qui nie les faits, devait être de nouveau mis en examen pour empoisonnement sur personnes vulnérables par les deux magistrats instructeurs chargés du dossier, un crime passible de la réclusion à perpétuité.

Le parquet a demandé son placement en détention provisoire.

Frédéric Péchier avait été placé en garde à vue mardi dans le cadre d'une nouvelle enquête préliminaire portant sur 66 événements graves, des incidents opératoires, survenus ces dernières années dans la clinique où il avait exercé.

Seuls 17 événements ont été retenus par les enquêteurs, des explications médicales ayant pu être apportées pour un certain nombre d'entre eux, faute d'avoir pu en déterminer les causes s'agissant du plus grand nombre.

"M. Péchier apparaît comme le dénominateur commun de ces événements indésirables graves qui semblent s'inscrire, notamment, dans un contexte de conflit aigu avec ses collègues anesthésistes ou chirurgiens au sein de la clinique Saint-Vincent", a indiqué le procureur Etienne Manteaux lors d'une conférence de presse.

"FAISCEAU D'ELÉMENTS CONCORDANTS"

Comme dans la première affaire, l'enquête a révélé la présence de fortes quantités de potassium ou d'anesthésiques, à dose létale, dans des poches de perfusion administrées à des patients pour des opérations bénignes, suscitant un acte de réanimation après un arrêt cardiaque.

"Les charges reposent sur un faisceau d'éléments concordants", a ajouté le procureur en soulignant que les événements suspects avaient cessé de manière inexpliquée dans l'établissement privé depuis le départ du Dr Péchier ou lorsqu'il avait cessé d'y exercé pendant six mois en 2009.

Le procureur a également évoqué la multiplication de ce type d'incidents dans les périodes de "conflit intense" entre lui ses collègues et son "omniprésence dans la gestion des réanimations suite aux arrêts cardiaques concernés".

"Dans un certain nombre de cas, il était en capacité de faire des diagnostics précoces dans des situations cliniques où rien ne permettait à ce stade de suspecter un surdosage en potassium ou aux anesthésiques locaux", a-t-il précisé.

"Il est par ailleurs le seul anesthésiste sur la période étudiée à avoir été présent le jour de l'ensemble des événements indésirables suspects" et "le seul anesthésiste présent à la clinique Saint-Vincent de 2008 à décembre 2016 à ne pas avoir été concerné par un événement indésirable grave suspect", a encore indiqué le procureur.

Le mis en cause a d'abord évoqué un "complot" de ses collègues, selon le magistrat.

"Au terme de sa garde à vue, il a admis que des actes criminels ont bien été commis à la clinique Saint-Vincent. Il a clairement réaffirmé qu'il n'était pas l'auteur de ces empoisonnements sans communiquer aux enquêteurs le nom d'une personne qu'il soupçonnerait de ces actes", a-t-il précisé.

"Il n'a jamais été pris sur le fait, c'est toute la complexité de cette affaire", a ajouté Etienne Manteaux, rappelant que l'anesthésiste bénéficiait toujours de la présomption d'innocence.

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)