La Turquie accuse Damas de violer l'accord de cessez-le-feu à Idlib

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La turquie accuse damas de violer l'accord de cessez-le-feu a idlib[reuters.com]
(Crédits : Osman Orsal)

ISTANBUL/NATIONS UNIES (Reuters) - Le ministre turc de la Défense a reproché vendredi à l'armée syrienne de violer l'accord de cessez-le-feu conclu avec la Russie pour la province d'Idlib, où se trouvent les dernières positions rebelles.

La Russie apporte un soutien militaire décisif aux forces fidèles à Bachar al Assad, alors que la Turquie a pris le parti de groupes rebelles, mais Ankara et Moscou se sont entendus en septembre pour éviter un assaut en règle dans cette zone du nord-ouest du pays où vivent plus de trois millions de civils.

L'armée syrienne et l'aviation russe ont toutefois lancé une offensive dans la région fin avril en accusant les rebelles de ne pas respecter l'accord de Sotchi.

"Le régime ne tient pas ses promesses de cessez-le-feu et viole l'accord", écrit le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, dans un communiqué publié sur internet, ajoutant qu'une surenchère militaire pourrait conduire à une tragédie humanitaire.

"L'accord de Sotchi exige un cessez-le-feu et c'est ce que nous voulons des Russes. Les réunions se poursuivent actuellement à Ankara", ajoute-t-il.

Son ministère avait auparavant annoncé qu'un groupe de travail russo-turc s'était réuni jeudi et vendredi dans la capitale pour évoquer la situation dans la province d'Idlib.

L'accord de Sotchi prévoyait la création d'une zone démilitarisée dans le sud de la province d'Idlib et le départ des djihadistes qui s'y trouvent, mais Moscou estime qu'il n'a pas été respecté et Vladimir Poutine a promis en février de les écraser.

180.000 DÉPLACÉS

A New York, les Nations unies ont annoncé que 18 centres médicaux du nord-ouest de la Syrie avaient été bombardés au cours des trois dernières semaines, ce qui a donné lieu à une passe d'armes diplomatique au Conseil de sécurité.

"Puisque nous savons que la Russie et la Syrie sont les seuls pays à utiliser des avions dans la région, la responsabilité incombe-t-elle (...) aux forces aériennes russes et syriennes ?", s'est interrogée Karen Pierce, ambassadrice britannique à l'Onu.

Son homologue américain, Jonathan Cohen, s'est montré plus affirmatif et a jugé "extrêmement alarmant" que plusieurs des centres bombardés figurent sur une liste dressée par la Russie et les Nations Unies pour les protéger.

L'ambassadeur russe Vassili Nebenzia a quant à lui assuré que les forces russes et syriennes ne s'en prenaient pas à des cibles civiles et a mis en doute les assertions de l'Onu.

"Nous rejetons catégoriquement les accusations de violation du droit international humanitaire. Notre objectif, ce sont les terroristes", a-t-il ajouté.

"Certaines de ces attaques sont clairement organisées par des personnes ayant accès à des armes sophistiquées, notamment forces aériennes modernes et des armes dites intelligentes ou de précision", a quant à lui observé Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, sans se prononcer sur les responsabilités.

Selon lui, les activités ont été partiellement totalement suspendues dans 49 centres de soins et 17 écoles ont été endommagées ou détruites. Au cours des trois dernières semaines, a-t-il ajouté, les combats ont fait 160 morts et 180.000 déplacés.

(Ezgi Erkoyun et Ali Kucukgocmen, Michelle Nichols à l'Onu, Jean-Philippe Lefief pour le service français)