Ryanair : Bénéfice annuel au plus bas de 4 ans, pas mieux en 2019

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Ryanair a degage son plus faible benefice annuel en quatre ans[reuters.com]
(Crédits : Christian Hartmann)

DUBLIN (Reuters) - Ryanair a publié lundi son bénéfice annuel le plus faible de ces quatre dernières années et a estimé qu'il pourrait encore diminuer en 2019, le secteur aérien subissant en Europe "une guerre des prix usante" selon son directeur général Michael O'Leary.

En Bourse à Dublin, le titre de la plus grande compagnie aérienne à bas coûts d'Europe, chutait de près de 5% en fin de matinée après ces résultats inférieurs aux attentes du marché.

Ryanair, qui avait averti à deux reprises sur son bénéfice 2018-2019, clos fin mars, a annoncé un bénéfice après impôts de 1,02 milliard d'euros, contre 1,45 milliard en 2017-2018.

Pour l'exercice qui sera clos fin mars 2020 et comprendra pour la première fois Laudamotion récemment acquis et déficitaire, Ryanair prévoit un bénéfice entre 750 millions et 950 millions d'euros, contre 880 millions pro forma réalisés en 2018-2019 et un consensus qui tablait sur 977 millions.

Gerald Khoo, analyste chez Liberum, a qualifié de "décevantes" la prévision de bénéfice et celle d'une hausse des coûts de 2% hors carburant - liée aux problèmes du 737 MAX de Boeing. La société de courtage Davy Stockbrokers a dit qu'elle réduirait ses prévisions de 9% tout en estimant que le point bas avait probablement été atteint.

Plusieurs autres compagnies aériennes ont mis en garde contre la dégradation de l'environnement commercial, notamment à cause des surcapacités et du fait que les voyageurs européens hésitent à réserver leurs vacances d'été avec les incertitudes entourant le Brexit.

Michael O'Leary a déclaré que la faiblesse des tarifs pourrait s'atténuer en hiver mais a prévenu les investisseurs que le secteur du transport aérien européen connaissait une baisse cyclique de rentabilité.

"Franchement, si nous sommes bien dans une période où il va y avoir une guerre des prix usante, les bénéfices vont en souffrir pendant un ou deux ans et je pense que c'est ce à quoi les actionnaires devraient s'attendre", a-t-il dit dans une présentation vidéo.

"Cependant, il est clair dans mon esprit qu'au cours des quatre ou cinq prochaines années, quatre ou cinq grands groupes aériens européens émergeront (...) avec une plus grande discipline en matière de capacités (...) et une pression à la hausse sur les prix."

En moyenne, les tarifs pour l'exercice en cours, seront probablement entre 2% plus bas et 1% plus élevés que l'année dernière, a-t-il ajouté.

Ryanair a également été victime de retards dans la livraison des 737 MAX, interdits de vol depuis mars à la suite de deux catastrophes aériennes en moins de six mois. Il a commandé 135 exemplaires du 737 MAX 200 et dispose d'options sur 75 autres. Il s'attendait à recevoir ses cinq premiers avions entre avril et juin mais table désormais sur novembre.

Les problèmes du 737 MAX ont contraint Ryanair à supprimer environ un million de sièges d'ici à mars 2020. La compagnie prévoit toujours d'acheminer 153 millions de passagers pendant l'exercice à fin mars 2020, contre 139 millions en 2018-2019.

Ryanair entamera un rachat d'actions de 700 millions d'euros dans les prochains jours, ce que son directeur général a qualifié de vote de confiance de la part du conseil d'administration.

(Conor Humphries, Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)