Les propriétaires de smartphones Huawei s'interrogent

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Les proprietaires de smartphones huawei s'interrogent[reuters.com]
(Crédits : Marko Djurica)

par Edmund Blair et Sankalp Phartiyal

LONDRES/BOMBAY (Reuters) - Dois-je renoncer à mon smartphone Huawei et en choisir un d'une autre marque? C'est la question que se posent certains utilisateurs après l'interdiction faite aux entreprises américaines de fournir le groupe chinois, qui pourrait ainsi ne plus être en mesure de proposer à ses clients les services de géants comme Google.

Fournisseur du système d'exploitation mobile Android qui équipe la plupart des téléphones mobiles, Google a annoncé lundi qu'il se conformerait au décret signé la semaine dernière par le président américain Donald Trump.

Cela reviendra de fait à ne plus fournir Huawei en logiciels et services tels que Gmail, YouTube et le navigateur Chrome. Cette décision pourrait affecter des millions d'utilisateurs en dehors de Chine, notamment en Europe, principal marché international de Huawei où il réalise 29% de ses ventes, selon les données du cabinet d'études IDC.

Huawei, deuxième fabricant mondial de smartphones, a pris ces dernières années des parts de marché à Apple et à Samsung. Le groupe chinois a déclaré lundi qu'il allait continuer à fournir des mises à jour de sécurité et des services pour tous ses smartphones et tablettes de marques Huawei et Honor déjà vendus.

Huawei n'a cependant pas précisé ce qui allait se passer pour les appareils qui seront vendus à l'avenir et qui pourraient ne plus disposer des services de Google.

"J'ai été absolument choquée", dit Luna Angellica, une Néerlandaise propriétaire du nouveau Huawei P smart+, qui se demande si elle ne va pas commencer à économiser pour acheter un modèle concurrent.

Sumeet Lyallpuri, 46 ans, homme d'affaires à Bombay, explique pour sa part qu'il hésitait à changer son ancien combiné Huawei par le nouveau P30 de la marque chinoise.

"Maintenant si les mises à jour de Google ne sont plus disponibles pour les téléphones Huawei, ni Google Play ou des applications comme YouTube, je n'aurai pas envie d'en acheter un, au moins pour le moment", a-t-il déclaré.

DE LA FRUSTRATION À L'INQUIÉTUDE

L'équipe de Google travaillant sur Android a indiqué aux utilisateurs de Huawei, sur le compte Twitter @Android, qu'elle se conformerait aux exigences américaines tout en garantissant que "des services tels que Google Play et le système de sécurité Google Play Protect continueraient de fonctionner sur les appareils existants de Huawei".

Les réactions au tweet du géant américain vont de la frustration à l'inquiétude.

"Donc, à cause d'une loi américaine, vous punissez des millions d'utilisateurs dans le monde en les bannissant?", écrit sur le compte @photolsen Andreas Benjaminsen, qui se décrit lui-même comme un adepte de l'"open source", c'est-à-dire un système ouvert, modifiable et libre de droits.

Les opérateurs télécoms qui travaillent avec les équipements de Huawei cherchent également à déterminer l'impact de la décision de Google sur leurs activités.

"Nous examinons les détails du décret afin de comprendre les implications potentielles pour nos clients", a déclaré le groupe espagnol Telefonica, troisième opérateur mobile en Europe.

L'opérateur britannique Three, filiale de Hutchison, a informé pour sa part ses clients que les routeurs et les périphériques de Huawei continueraient de fonctionner mais a dit attendre des informations complémentaires.

"Nous sommes en discussions avec Huawei et nous fournirons une nouvelle mise à jour dès que nous le pourrons", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Les Etats-Unis estiment que les équipements de Huawei pourraient servir à des activités d'espionnage de la Chine et ils exhortent leurs alliés, notamment en Europe, à ne pas s'appuyer sur le groupe chinois pour le déploiement de la nouvelle génération de téléphonie mobile, la 5G.

Huawei, qui a démenti à plusieurs reprises les accusations américaines, s'est dit "prêt et disposé à collaborer avec le gouvernement américain pour trouver des mesures efficaces visant à garantir la sécurité des produits".

(avec Kate Holton à Londres et YiShu Ng à Singapour; Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)