Europe : Plus de peines alternatives mais à peine moins de prison

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Europe: plus de peines alternatives mais a peine moins de prison[reuters.com]
(Crédits : Loren Elliott)

STRASBOURG (Reuters) - Le recours aux peines alternatives à l'incarcération a augmenté de près de 12% entre 2016 et 2018 en Europe quand le nombre de personnes incarcérées baissait de seulement 6,6% sur la période, révèle une étude publiée par le Conseil de l'Europe.

Les mesures probatoires telles que libération conditionnelle, placement sous bracelet électronique ou travaux d'intérêt général concernaient 1,8 million de personnes au 31 janvier 2018, dans les 37 pays de l'organisation (sur 47) ayant répondu à l'étude. C'est plus que le nombre de personnes incarcérées qui s'élevait à 1,2 million.

L'université de Lausanne, qui réalise cette enquête annuelle, relativise le caractère "alternatif", dans certains pays, des peines probatoires par rapport à l'incarcération.

"Il se pourrait que les États infligent des peines alternatives à des personnes qui, normalement, ne devraient pas être placées en détention. Le nombre élevé de personnes en probation donne à penser que cet 'élargissement du filet' du système de justice pénale a déjà commencé dans certains pays", notent les auteurs dans un communiqué.

De fait, si la corrélation n'est pas systématique, une majorité de pays ayant fortement développé les peines probatoires sont aussi ceux qui connaissent les plus forts ratios d'incarcération.

C'est particulièrement vrai pour la Russie avec un taux de 350 personnes en probation pour 100.000 habitants et un taux d'incarcération de 418 pour 100.000. Ou encore de la Turquie, avec un taux de 470 pour 100.000 en probation et un taux d'incarcération qu'elle n'a pas pu renseigner mais qui est traditionnellement élevé.

La France, dont la population carcérale augmente, conjugue un taux "élevé" de 262 personnes en probation pour 100.000 avec un taux d'incarcération "relativement élevé" de 104 pour 100.000.

Elle se situe, dans les deux catégories, au-dessus de la médiane européenne, qui partage en deux groupes égaux les pays dont les ratios sont plus bas de ceux dont les ratios sont plus hauts. Cette médiane s'établit respectivement à 169 et 103 pour 100.000.

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)