Buzyn invite les Français à rédiger leurs souhaits de fin de vie

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Seuls 13% des francais ont redige leurs directives anticipees[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a invité mardi les Français à faire connaître leurs souhaits concernant leur fin de vie pour que ne se reproduise pas le "drame" de l'affaire Vincent Lambert, qui touche "à la part intime de chacun".

Lundi soir, la cour d'appel de Paris a ordonné à la surprise générale la reprise des traitements que l'hôpital de Reims (Marne) avait entrepris de suspendre sur ce patient tétraplégique en état végétatif depuis onze ans..

"Aujourd'hui encore plus qu'avant, je pense qu'il faut respecter l'intimité et la douleur de cette famille, des proches de Vincent Lambert", a dit Agnès Buzyn lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.

"Pour que cette situation ne se reproduise pas, nous devons tous remplir nos directives anticipées", a-t-elle ajouté.

Prévu dans le cadre de la loi Leonetti de 2005 et confirmé dans la loi Claeys-Leonetti de 2016, le dispositif dit de "directives anticipées" permet à toute personne majeure de faire une déclaration écrite afin de préciser ses souhaits concernant sa fin de vie.

Ce document, daté et signé, doit permettre aux médecins le moment venu de prendre leurs décisions sur les soins à donner si la personne ne peut plus exprimer ses volontés.

Les "directives anticipées" s'imposent. Les médecins peuvent seulement y déroger "en cas d'urgence vitale le temps nécessaire à une évaluation complète de la situation" ou lorsque les directives anticipées apparaissent "manifestement inappropriées ou non conforme à la situation médicale".

Selon le président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), seuls 13% des Français ont pris la peine de rédiger ces consignes.

"On a une loi Claeys-Leonetti qui est quelque chose de solide (...) mais qui n'est pas connue et qui n'est pas appliquée", a dit Jean-François Delfraissy sur France Inter. "Seuls 60% des Français savent ce qu'il y a dans cette loi, 40% savent qu'il y a éventuellement des directives anticipées et 13% seulement des Français" ont rédigé leurs directives anticipées.

"Le chiffre était le même il y a trois ans, c'est le point fondamental, on a une loi qui n'est pas appliquée", a-t-il ajouté.

Le sort de Vincent Lambert, victime en 2008 d'un accident de la route, oppose ses parents, proches des milieux catholiques traditionalistes, qui refusent l'arrêt des traitements, à son épouse, cinq de ses frères et soeurs et un neveu qui veulent qu'on le laisse mourir, conformément à ce qu'étaient, selon eux, ses valeurs.

(Marine Pennetier et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)