Japon : Baisse des exportations pour un cinquième mois consécutif

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Japon: baisse des exportations pour un cinquieme mois consecutif[reuters.com]
(Crédits : Issei Kato)

par Stanley White et Tetsushi Kajimoto

TOKYO (Reuters) - Les exportations japonaises ont connu en avril un déclin pour le cinquième mois consécutif, soulignant les pressions auxquelles fait face l'économie nippone dans un contexte de guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, les deux principaux marchés du Japon à l'exportation.

Les statistiques officielles publiées mercredi montrent aussi une progression pour le deuxième mois consécutif de l'excédent commercial du Japon avec les Etats-Unis, sous l'effet d'une accélération des exportations d'automobiles, ce qui pourrait provoquer la colère de Donald Trump alors que doit s'ouvrir cette semaine un nouveau cycle de négociations commerciales entre Washington et Tokyo.

Le président américain dénonce les pratiques commerciales du Japon, estimant que Tokyo agit de manière déloyale à l'égard des Etats-Unis en exportant des millions d'automobiles sur le territoire américain tout en bloquant les importations de voitures américaines. Il menace d'instaurer des droits de douane de 25% aux automobiles importées aux Etats-Unis, notamment en provenance du Japon.

D'après les données publiées mercredi par le ministère des Finances, les exportations japonaises ont diminué le mois dernier de 2,4% en rythme annuel, comme en mars.

Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une diminution de 1,8%.

Dans le détail, les exportations japonaises à destination de la Chine ont diminué de 6,3% en rythme annuel, soit un déclin pour le deuxième mois consécutif.

Les exportations vers les Etats-Unis ont pour leur part augmenté de 9,6% le mois dernier sur un an, portées par l'accélération des livraisons d'automobiles (+8,3%).

Selon les statistiques officielles, l'excédent commercial du Japon avec les Etats-Unis s'est creusé, progressant de 17,7% en avril en rythme annuel pour s'établir à 723,2 milliards de yens (5,87 milliards d'euros environ).

Tokyo craint que Washington décide d'imposer des quotas sur les importations de véhicules japonais, laissant entrevoir un possible conflit commercial qui interviendrait dans une période délicate pour l'économie japonaise.

SPÉCULATIONS AUTOUR DE LA HAUSSE DE LA TVA

Des données officielles publiées lundi montrent que l'économie japonaise a défié les pronostics en progressant au premier trimestre, seulement parce que les importations ont davantage chuté que les exportations, soulignant à la fois le ralentissement de la demande externe et l'essoufflement de la consommation domestique.

En avril, les importations japonaises ont augmenté de 6,4% en rythme annuel, après +1,2% en mars, du fait de la hausse des commandes dans le secteur pétrolier.

Les inquiétudes autour du tassement de la demande extérieure et du ralentissement de la consommation pourraient accentuer la pression sur Pékin pour qu'il repousse la hausse de la TVA prévue en octobre, même si le regain de confiance des industriels pourrait atténuer les craintes d'une récession de la troisième puissance économique mondiale.

Selon une enquête d'opinion mensuelle réalisée par Reuters, la confiance des industriels japonais s'est améliorée en mai pour la première fois en sept mois.

Cependant, deux tiers des entreprises interrogées ont dit s'attendre à ce que la croissance économique stagne au deuxième trimestre et 82% des firmes pensent que l'économie japonaise n'est pas complètement préparée au relèvement programmé de la TVA.

Les investisseurs guettent la publication du rapport de conjoncture mensuel du gouvernement japonais, attendue d'ici la fin de la semaine, qui pourrait faire état d'une révision à la baisse du diagnostic de la situation économique. Une telle décision alimenterait les spéculations sur un nouveau report de la hausse de la TVA.

Cette hausse de la TVA, qui la ferait passer de 8% à 10%, a déjà été reportée à deux reprises. La dernière hausse, remontant à avril 2014 avec une TVA portée de 5% à 8%, avait affecté durablement les dépenses de consommation et l'économie en général.

(Jean Terzian pour le service français)