Une journaliste du Monde convoquée par la justice

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - La journaliste du Monde Ariane Chemin, à l'origine des révélations sur les agissements de l'ancien chargé de mission de l'Elysée Alexandre Benalla qui ont fait trembler l'exécutif, va être entendue par la police, a annoncé mercredi le quotidien.

Une source judiciaire a précisé à Reuters qu'une enquête avait été ouverte à la suite de la plainte d'un membre des "forces spéciales" nommément mis en cause dans des articles.

Cette enquête, confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a été ouverte sur le fondement des dispositions légales interdisant la révélation de l'identité d'un membre des unités de forces spéciales, ajoute cette source.

"Ariane Chemin est convoquée le 29 mai par les policiers de la DGSI dans le cadre d'une enquête qui vise des articles sur les affaires Benalla", écrit pour sa part Luc Bronner, directeur de la rédaction du Monde, dans son éditorial.

Selon lui, sont notamment en cause des "informations sur le profil d'un sous-officier de l'armée de l'air, Chokri Wakrim, compagnon de l'ex-chef de la sécurité de Matignon".

Luc Bronner qualifie "d'inquiétante" la convocation de la journaliste, jugeant que "l'intérêt public suppose de pouvoir enquêter sur les entourages et les liens entretenus par des collaborateurs de l'Elysée ou de Matignon, quels que soient leurs parcours antérieurs".

Il fait un lien entre la future "audition libre" d'Ariane Chemin et la convocation, le 14 mai dernier, de journalistes enquêtant sur l'utilisation d'armes françaises au Yémen.

Interrogée à ce sujet à l'issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a rappelé l'"attachement" de l'exécutif "à la liberté de la presse" qu'il n'a eu "de cesse de défendre" tout en soulignant que "nul justiciable en France" n'était "en dehors de la loi".

L'affaire Benalla a éclaté en juillet dernier avec la diffusion d'une vidéo dans laquelle l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron apparaît en train de molester des manifestants en marge des défilés du 1er-Mai à Paris.

Ces révélations ont conduit à son licenciement et à la mise au jour d'autres agissements d'Alexandre Benalla incompatibles avec ses anciennes fonctions auprès de chef de l'Etat.

Fin décembre, le sujet, dont l'opposition s'est emparée, a ainsi rebondi avec l'information selon laquelle il se serait servi d'un de ses passeports diplomatiques, encore valides, pour se rendre notamment au Tchad.

L'Elysée a toujours affirmé ne pas avoir "cherché à protéger" l'ancien chargé de mission.

(Elizabeth Pineau, avec Marine Pennetier et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse et Simon Carraud)