Reçu par Macron, Haftar exclut un cessez-le-feu dans l'immédiat, dit l'Elysée

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Recu par macron, haftar exclut un cessez-le-feu dans l'immediat, dit l'elysee[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Reçu mercredi à Paris par Emmanuel Macron, le maréchal libyen Khalifa Haftar a douché les espoirs d'une sortie rapide de l'impasse politique et sécuritaire en Libye en excluant un cessez-le-feu immédiat tout en reconnaissant qu'une reprise du dialogue politique serait "nécessaire", a indiqué l'Elysée.

L'homme fort de l'est du pays, dont l'armée a lancé une offensive sur la capitale Tripoli le 4 avril, s'est entretenu pendant un peu plus d'une heure avec le chef de l'Etat français, qui avait reçu le 8 mai le Premier ministre Fayez al Serraj dont le gouvernement d'union nationale (GNA) est reconnu par la communauté internationale.

"La défiance qu'on connaît entre les acteurs libyens est plus forte que jamais aujourd'hui", a souligné une source à la présidence française après le départ du maréchal Haftar, qui ne s'est pas exprimé à l'issue de cet entretien auquel a également participé le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.

"Lorsque la question du cessez-le-feu est mise sur la table, la réaction du maréchal Haftar est de demander 'avec qui négocier un cessez-le-feu aujourd'hui?'", a rapporté cette source. "Il considère que le GNA est entièrement phagocyté par les milices et que ce n'est pas à lui de négocier avec les représentants de ces milices".

A la fin de l'entretien, au cours duquel Emmanuel Macron a demandé à son interlocuteur de faire "un pas publiquement en direction du cessez-le-feu", le maréchal Haftar "a reconnu qu'une discussion politique inclusive était nécessaire et qu'il était d'accord pour y participer au moment où ces conditions seraient réunies", a ajouté cette source.

"Ce qui n'est pas clair, c'est le moment où il décidera de faire cette ouverture. On a rappelé que pour nous le plus tôt était le mieux".

"IMPASSE"

Sur le terrain, les combats se poursuivent. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Onu, plus de 500 personnes ont été tuées et plus de 2.000 autres ont été blessées depuis le début de l'offensive du maréchal Haftar, qui a contraint plus de 75.000 personnes à fuir.

S'exprimant mardi devant le Conseil de sécurité de l'Onu, l'émissaire des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé, a mis en garde contre "le début d'une guerre longue et sanglante" et prévenu que cette bataille "pourrait conduire à la division permanente du pays".

"On voit bien l'impasse qu'il y a aujourd'hui entre le souhait de la communauté internationale, qui est de dire qu'il faut qu'il y ait un cessez-le-feu et une reprise des discussions politiques, et la manière de voir les choses du maréchal Haftar avec son explication sur le manque de légitimité des interlocuteurs", souligne-t-on à Paris.

Lors de l'entretien, Emmanuel Macron a "insisté sur la nécessité pour le maréchal Haftar, puisqu'il avait déclenché l'offensive, de faire un pas publiquement dans la direction d'un cessez-le-feu et d'un processus politique inclusif (...) pour voir si, sous l'égide des Nations unies, on pouvait essayer dans les jours ou les semaines qui viennent, dès que possible, de recréer une dynamique collective pour sortir de cette impasse actuelle", a ajouté la source.

Au-delà de la capitale Tripoli, la situation dans le sud libyen, notamment dans la zone frontalière avec le Niger et le Tchad, est regardée avec "préoccupation" à Paris, où l'on note une "recrudescence d'actions de groupes terroristes".

(Marine Pennetier, édité par Simon Carraud)