La BCE croit moins en une reprise au 2e semestre

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La bce croit moins en une reprise au 2e semestre[reuters.com]
(Crédits : Ralph Orlowski)

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) est préoccupée par la possibilité que la croissance soit encore plus faible que prévu et sa confiance en une reprise au second semestre s'en trouve altérée, montre le compte rendu de la réunion de politique monétaire du 10 avril.

Après des mois de croissance atone, la BCE n'exclut pas de nouvelles mesures de soutien à l'économie mais elle veut avant tout déterminer si la perte d'élan de l'économie est provisoire ou destinée à durer.

Il est fort probable qu'elle agisse dès le mois prochain en accordant aux banques des prêts à long terme ciblés à des conditions très avantageuses pour garantir aux entreprises et aux ménages un accès sans difficulté au crédit.

"Il a été admis que certaines données récentes s'étaient révélées encore plus faibles que prévu", écrit la BCE dans son compte rendu publié jeudi. "La confiance envers le scénario de base (pour la croissance) s'en trouve quelque peu amoindrie et l'étendue des autres issues possibles est devenue plus vaste."

Les modalités des futures opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO) seront décidées lors d'une prochaine réunion de politique monétaire, lit-on encore dans les "minutes", sans autre précision.

"Certains arguments ont été mis en avant en faveur d'une mise à prix (pricing) des nouvelles opérations qui fasse d'elles avant tout un filet de sécurité (backstop), un mécanisme de garantie en période d'incertitude élevée", poursuit la BCE.

"D'autres arguments ont été apportés à l'appui de l'opinion suivant laquelle les opérations TLTRO-III devaient être considérées comme un outil potentiel d'adaptation de la politique monétaire".

En tout état de cause, le "pricing" prendra en compte la croissance économique et dans quelle mesure les banques répercutent sur l'économie réelle la politique suivie par la banque centrale.

Le document suggère aussi que les membres du Conseil des gouverneurs n'ont pas eu un débat approfondi le mois dernier sur les effets indésirables des taux d'intérêt négatifs et sur l'opportunité de prendre des mesures pour les atténuer.

L'une de ces mesures, un taux de dépôt modulé, serait a priori utile pour les banques disposant de réserves excédentaires abondantes mais ce dispositif laisse apparemment les responsables de la BCE sceptiques, tant en public qu'en privé.

De fait, le compte rendu se contente de mentionner une discussion sur la nécessité d'une future discussion sur le bien fondé de mesures d'atténuation des effets des taux négatifs.

Pour l'heure, les banquiers centraux observent cependant que le taux de dépôt négatif de la BCE contribue encore à une augmentation des volumes de toutes les catégories de crédits.

Des initiatives de la BCE en faveur de la croissance seraient bien vues mais les difficultés de la zone euro dépassent largement ses capacités d'intervention car elles proviennent pour l'essentiel de l'extérieur et alimentent une "incertitude omniprésente", suivant les propres termes du président Mario Draghi.

De fait, la reprise de l'activité des entreprises privées de la zone euro a déçu en mai, la contraction continue du secteur manufacturier pesant de plus en plus sur celui des services, au vu des résultats provisoires des enquêtes mensuelles d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats.

Et les analystes ne sont pas plus optimistes pour l'avenir.

"Les perspectives mondiales restent assujetties au risque permanent d'une dégradation des conflits commerciaux et de l'incertitude entourant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (EU)", constate la BCE.

(Balasz Koranyi; Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand et Blandine Hénault)