Berger appelle les syndicats européens à l'unité pour leur survie

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(Crédits : Pascal Rossignol)

PARIS (Reuters) - Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, fraîchement élu à la tête de la Confédération européenne des syndicats (CES), a appelé vendredi les syndicats à s'unir et à se réformer pour contrer la montée des populistes chez les travailleurs.

Laurent Berger a été élu jeudi avec 95% des voix pour un mandat de quatre ans à la tête de l'organisation fondée en 1973 pour négocier avec les institutions européennes et qui regroupe plus de 90 confédérations syndicales.

"Les valeurs qui nous unissent sont aujourd'hui fragilisées. Un peu partout en Europe, des partis populistes, europhobes et parfois même racistes et xénophobes se développent", a-t-il dit dans son discours de clôture du Congrès de la CES à Vienne.

"Ces forces se présentent comme l'unique alternative à des travailleurs qui se sentent laissés pour compte. Elles surfent sur les injustices sociales, sur les inégalités mais elles ne proposent rien d'autre que l'impasse des égoïsmes nationaux et du repli sur soi", a-t-il poursuivi.

"Le syndicalisme européen doit imposer une autre direction", a-t-il ajouté. Mais pour y parvenir il doit être "uni", "plus fort", et doit "apporter des réponses concrètes aux attentes de travailleurs".

Les membres de la CES doivent aussi "s'interroger sur leur "manière de travailler", précise Laurent Berger, au regard de la crise que certains traversent en terme de participation.

Quelque 80 millions de travailleurs sont membres d'un syndicat dans les pays de l'OCDE et 155 millions sont couverts par des conventions collectives, peut-on lire dans les perspectives de l'emploi de l'OCDE de 2017.

Cela représente un taux de syndicalisation moyen de 17% qui a diminué de moitié depuis les années 1980. Seules la Belgique, l'Espagne et l'Islande ont enregistré une légère progression du taux de syndicalisation dans les quarante dernières années.

NOUVELLES FORMES DE MOBILISATION

Les syndicats sont par ailleurs déstabilisés par de nouvelles formes de mobilisation qui s'organisent en dehors de leurs structures, comme le mouvement des "Gilets jaunes" né de revendications sur le pouvoir d'achat, qui s'inscrit dans la durée. Ce sujet a fortement animé le Congrès de la CGT à Dijon (Côte d'Or) du 13 au 17 mai.

"Je suis persuadé que nous pouvons mieux rapprocher le syndicalisme européen des travailleurs", a déclaré Laurent Berger. "Je suis persuadé que nous pouvons démultiplier nos actions, en nous appuyant sur les nouvelles technologies disponibles mais surtout en militant ensemble, en développant de nouvelles formes de mobilisation."

A l'approche des élections européennes de dimanche, le secrétaire général de la CFDT assure que les membres de la confédération ont "fait le travail" pour convaincre les citoyens de voter pour une "Europe sociale".

Il estime que le rôle de la CES est maintenant de faire avancer ses idées "à travers le dialogue social" et de "saisir les espaces possibles" pour "mettre le patronat devant ses responsabilités".

Les prochaines négociations porteront sur la digitalisation, l'innovation et le développement des compétences, l'économie circulaire et la concrétisation du Socle européen des droits sociaux (SEDS).

La candidature unique de Laurent Berger pour le poste de président de la Confédération a été critiquée par certains syndicats français, comme la CGT à qui l'on avait promis une présidence à plusieurs têtes, selon son secrétaire général, Philippe Martinez.

Dans une interview croisée avec Laurent Berger, publiée jeudi par l'AEF, ce dernier a atténué sa position.

"La présidence de la CES est avant tout symbolique, l'opérationnel restant au secrétariat. Nous avons proposé une présidence tournante qui reflète la diversité des conceptions du syndicalisme", a-t-il dit, en précisant que cette présidence était constituée d'un président et quatre vice-présidents ce qui reflétait bien la diversité syndicale.

(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)