La droite marseillaise sonnée à dix mois des municipales

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La droite marseillaise sonnee a dix mois des municipales[reuters.com]
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

par Jean-François Rosnoblet

MARSEILLE (Reuters) - La droite marseillaise s'est réveillée lundi avec la gueule de bois au lendemain d'un scrutin européen qui lui a donné son plus mauvais score historique à Marseille, à moins d'un an de l'élection municipale dans une ville dirigée sans partage depuis un quart de siècle par le maire LR Jean-Claude Gaudin.

Dans la deuxième ville de France, le Rassemblement national a terminé loin devant ses adversaires avec plus de 26% des voix, soit six point de mieux que la liste de la République en marche (LaRem), plus de 12 sur les écologistes et près de vingt points d'avance sur les Républicains (LR).

"Visiblement, le Rassemblement national tire le plus grand profit d'un scrutin où s'exprime traditionnellement la volonté de sanctionner les pouvoirs en place", a réagi le maire de Marseille.

Empêtré dans une fin de règne qui aiguise les appétits jusque dans son propre camp, déstabilisé par la mort de huit personnes en novembre dans l'effondrement de plusieurs immeubles vétustes du centre ville, Jean-Claude Gaudin n'est plus la figure tutélaire d'une droite qui reste pourtant omniprésente dans le paysage politique local, où elle détient encore la totalité des pouvoirs exécutifs.

Les européennes ont mis en exergue la fragilité des Républicains à Marseille, où ils sont confrontés à une guerre de succession à peine larvée et aux ambitions non dissimulées de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron à dix mois des municipales.

"Nous tendons la main à ces orphelins des Républicains qui se trouvent bien seuls aujourd'hui", a ironisé le chef de file du parti d'extrême droite et candidat déclaré à la mairie de Marseille, le sénateur RN Stéphane Ravier, qui voit dans l'élection européenne la "page Gaudin qui se tourne".

LES RÉPUBLICAINS DIVISES

La menace est en effet bien réelle.

"Il est de notre devoir de ne pas fuir nos responsabilités", dit le patron de la fédération LR du département, Bruno Gilles.

Ce fidèle de Jean-Claude Gaudin a déjà annoncé sa candidature pour succéder au maire LR qui ne se représente pas. "Les résultats nationaux n'ont jamais préfiguré les résultats des combats locaux futurs", tente-t-il de se rassurer.

Même son de cloche chez Martine Vassal, la puissante présidente LR du Conseil département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole d'Aix-Marseille, qui devrait déclarer début juillet sa candidature à l'élection municipale.

"Notre famille politique doit plus que jamais travailler collectivement à sa reconstruction. La victoire n'est possible que lorsque nous sommes rassemblés", dit-elle.

Le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier, autre homme fort de la ville, a résumé dans un communiqué la position des Républicains en indiquant que le scrutin européen avait été marqué par la poursuite de "l'explosion de la classe politique" et par une "polarisation autour de deux listes" voulue par Emmanuel Macron.

"Adopter cette stratégie, c'est prendre le risque de céder, un jour, le pouvoir à l'extrême droite", prévient-il.

Le duel entre l'extrême droite et la majorité présidentielle devrait ainsi prendre une consistance particulière à Marseille, où LaREM a bénéficié d'un transfert des électeurs traditionnels de la droite et du centre pour afficher un score similaire aux 20,44% des voix obtenues par Emmanuel Macron en 2017.

D'autant que le scrutin européen a marqué un net recul de La France insoumise (LFI), avec 8,2% des voix, loin des 19,58% réalisé à Marseille par Jean-Luc Mélenchon il y a deux ans.

Des suffrages égarés qui sont aujourd'hui ouvertement convoités par LaREM, mais aussi par le Rassemblement national qui est arrivé en tête dimanche dans 99 des 119 communes des Bouches-du-Rhône.

(Edité par Yves Clarisse)