Réunion de crise du SPD le 3 juin après sa déroute électorale

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Le spd pose ses conditions pour rester dans la coalition allemande[reuters.com]
(Crédits : Fabrizio Bensch)

BERLIN (Reuters) - Andrea Nahles, présidente du Parti social-démocrate allemand (SPD), a proposé lundi de remettre en jeu son mandat à la tête du groupe parlementaire de la formation, dont l'aile gauche conteste sa décision de rester membre de la coalition gouvernementale, au lendemain d'un sévère échec électoral.

Battu dimanche à Brême par l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel, ce qui n'était pas arrivé depuis 73 ans, le SPD a par ailleurs perdu 11 points lors des élections européennes (15,8%) et a été largement distancé par les Verts.

"Je ne pense pas que les débats sur les positions au sein du Parti soient sains. Mais, en tant que dirigeante, je dois relever ce défi. Nous y verrons plus clair.

"Je propose donc que le vote sur la présidence du groupe parlementaire prévu fin septembre ait lieu la semaine prochaine et que tous ceux qui veulent suivre un chemin différent se lèvent pour dire : 'Je suis candidat'", a déclaré Andrea Nahles sur l'antenne de la ZDF.

Elle avait auparavant annoncé la tenue le 3 juin d'une réunion de crise de la direction du mouvement.

"Pour la première fois, nous sommes arrivés en troisième position dans un scrutin national, c'est un moment critique pour nous tous", a-t-elle déploré. "La gravité de la situation est parfaitement claire pour tout le monde."

Lors de cette réunion, les dirigeants du parti discuteront de la stratégie électorale et des moyens de se démarquer des conservateurs sur des sujets comme le changement climatique et la politique sociale, notamment le dossier des retraites.

Andrea Nahles a déclaré dès dimanche soir qu'elle souhaitait rester au gouvernement mais qu'elle allait exiger des concessions en matière de politique sociale.

Le SPD, a-t-elle ajouté, fera un bilan à la fin de l'année. D'ici là, trois autres scrutins régionaux auront eu lieu, tous trois dans des Länder de l'ex-Allemagne de l'Est où le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) fait ses meilleurs scores.

Les derniers revers électoraux ont relancé la contestation de l'aile gauche du parti social-démocrate, qui jugeait déjà suicidaire de s'allier pour la seconde fois aux conservateurs dans une "grande coalition", la première expérience leur ayant déjà coûté cher dans les urnes lors des législatives de 2017.

Plusieurs responsables du SPD, dont son numéro deux Ralf Stegner et le dirigeant de sa branche jeunesse Kevin Kühnert, appellent dans une tribune publiée lundi le parti à clarifier sa position.

"Nous devons avoir le courage de changer d'orientation quand c'est nécessaire. Pour notre action au sein de la coalition, cela signifie un SPD sans peur", écrivent-ils.

Les auteurs ne réclament pas explicitement le départ de la coalition gouvernementale, mais jugent qu'elle ne peut pas continuer si les sociaux-démocrates n'ont pas leur mot à dire sur ses grandes orientations, des retraites à la lutte contre le changement climatique, en passant par l'immigration et la taxation des multinationales.

Cette situation pourrait précipiter le départ d'Angela Merkel, dont le mandat expire en septembre 2021, et son remplacement par la nouvelle dirigeante de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer.

(Madeline Chambers avec Christian Kraemer et Paul Carrel; Tangi Salaün, Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)