Nouvelle journée de contestation à Hong Kong, des bâtiments publics fermés

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Hong kong: nouvelle journee de contestation, des batiments publics fermes[reuters.com]
(Crédits : Athit Perawongmetha)

par Clare Jim et Sumeet Chatterjee

HONG KONG (Reuters) - Des heurts ont de nouveau éclaté jeudi aux abords du Conseil législatif hongkongais, le parlement local, où plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées pour protester contre un projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine.

Une manifestation avait déjà entraîné la veille le report du débat sur le texte, que beaucoup considèrent comme une atteinte aux libertés garanties par l'accord négocié entre Londres et Pékin qui a abouti à la rétrocession de l'ancienne colonie britannique en 1997.

Carrie Lam, la chef de l'exécutif local, a condamné les violences et ordonné aux forces de l'ordre de ramener le calme mais n'a pas renoncé à faire adopter le projet, malgré les réserves des milieux d'affaires.

Le nombre de manifestants rassemblés devant le Conseil législatif a diminué mercredi dans la soirée mais ils étaient à nouveau un millier jeudi matin. Ils s'attendaient à la reprise des débats, bien qu'aucune séance n'ait été programmée dans la journée.

Certains d'entre eux avaient auparavant tenté d'empêcher la police de saisir des masques de protection et des vivres, ce qui a donné lieu à des affrontements.

Selon les autorités, 72 personnes ont été hospitalisées lors des violents incidents de mercredi.

Faisant état de onze arrestations et de 22 blessés dans ses rangs, le chef de la police de Hong Kong, Stephen Lo, a souligné que ce qui avait commencé comme un rassemblement pacifique avait dégénéré en émeutes, stigmatisant des manifestants "agissant violemment et de manière organisée". Il a ajouté que les forces de l'ordre avaient tiré mercredi quelque 150 grenades lacrymogènes.

Le gouvernement chinois a quant à lui "fermement condamné" les violences et exprimé sa confiance envers les autorités hongkongaises.

NOUVELLE MANIFESTATION CE DIMANCHE

Un important dispositif de sécurité a été déployé aux abords du Conseil législatif, où la police anti-émeute filtre les accès et des officiers en civil procèdent à des contrôles d'identité à la sortie des stations de transport public.

Les autorités locales ont décidé jeudi de fermer pour la semaine les services administratifs situés dans le quartier financier, où se trouve le Conseil, après les premiers heurts.

"Nous reviendrons quand ce texte sera de nouveau en discussion, s'il l'est. Nous voulons économiser notre énergie pour le moment", a déclaré Stephen Chan, un étudiant de 20 ans.

Le projet de loi suscite une hostilité qui s'étend des milieux d'affaires aux avocats en passant par les étudiants, les militants démocrates et les communautés religieuses.

Hong Kong a été rétrocédée par le Royaume-Uni à la Chine en 1997 moyennant des garanties quant à son autonomie et au respect de droits spécifiques, notamment celui de disposer d'un système judiciaire distinct, en vertu du principe "un pays, deux systèmes".

Le projet de loi contesté a pour but de simplifier le transfert en Chine de suspects hongkongais ou étrangers.

Le Front civique des droits de l'homme a annoncé qu'il organiserait une nouvelle manifestation ce dimanche dans Hong Kong. D'après ses décomptes, ils étaient plus d'un million dimanche dernier à défiler contre le projet de loi (le territoire compte un peu plus de sept millions d'habitants).

Amnesty International et des associations locales de défense des droits de l'homme ont reproché à la police de Hong Kong d'avoir fait un usage excessif de la force.

"Nous ne sommes pas un refuge pour criminels, mais nous devenons un refuge pour les violences policières", a dénoncé le député d'opposition Fernando Cheung. "Tirer sur nos enfants ? Aucun de nos anciens dirigeants n'avaient osé le faire. Mais 'mère Carrie Lam' l'a fait. Quel genre de mère est-elle ?"

(avec Joyce Zhou, Julie Zhu, Jennifer Hughes, Anne Marie Roantree, James Pomfret, Alun John, Vimvang Tong, Jessie Pang et Felix Tam à Hong Kong et Ben Blanchard et Cate Cadell à Pékin; Jean Terzian, Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français)