Migrants : Le Conseil de l’Europe rappelle les Etats à leurs devoirs

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(Crédits : Vincent Kessler)

STRASBOURG (Reuters) - Secourir les migrants qui risquent leur vie en traversant la Méditerranée constitue une obligation au regard du droit international pour tous les Etats européens, rappelle la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, dans un mémorandum publié mardi à Strasbourg.

La commissaire bosnienne dénonce les politiques de plus en plus restrictives menées par certains pays à titre individuel ou dans le cadre des politiques de l'Union européenne, face à l'augmentation du nombre de traversées par la route de la Méditerranée centrale.

"En politisant une question qui est d'ordre humanitaire, ils ont adopté des lois, des politiques et des pratiques qui sont souvent allées à l'encontre de leurs obligations légales de mener des opérations de recherche et de sauvetage, de débarquer les naufragés dans un lieu sûr et de leur éviter des traitements inhumains et dégradants", affirme-t-elle.

Dunja Mijatovic rappelle que "des milliers d'êtres humains sont morts dans la Méditerranée" depuis 2014. Cette date correspond à la fermeture progressive de la route des Balkans et à l'arrêt par l'Italie de l'opération "Mare Nostrum", qu'elle menait seule, au profit d'une action plus limitée de l'UE.

Selon les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés, plus de 15.000 migrants sont décédé dans leur traversée de la Méditerranée entre 2014 et 2018.

La commissaire dénonce comme un contresens la criminalisation des Organisations non gouvernementales (ONG) d'aide aux migrants, accusées par certains Etats de favoriser l'immigration clandestine.

En première ligne face à la crise migratoire, l'Italie et Malte refusent depuis l'an dernier aux navires des ONG l'accès à leur port et des enquêtes ont été ouvertes contre certaines d'entre elles par la justice italienne, sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, par ailleurs chef de la Ligue, un parti d'extrême droite.

Dunja Mijatovic critique le plan adopté l'an dernier par l'Union européenne pour externaliser la gestion des demandeurs d'asile ainsi que la délégation du contrôle de ses frontières maritimes à des Etats tiers, comme la Libye, dont "la mauvaise réputation en matière de droits de l'homme est notoire".

Ce cri d'alarme lancé à l'occasion de la journée mondiale des réfugiés est assorti de 35 recommandations pour une gestion des flux migratoires respectueuse des droits humains.

"La situation résulte aussi d'une incapacité de longue date des Etats européens à partager leurs responsabilités" en la matière, souligne la commissaire, reconnaissant, sans les absoudre, que certains pays "ont été laissés seuls face au défi des arrivées de migrants par la mer", allusion à l'Italie.

Dunja Mijatovic conclut ses recommandations en invitant les 47 Etats membres du Conseil de l'Europe (dont les 28 de l'Union européenne) à ouvrir "des routes légales et sûres" pour éviter que les migrants s'engagent dans des "voyages maritimes clandestins et dangereux".

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)