Climat : Les Etats membres de l'UE en retard sur leurs objectifs

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(Crédits : Yves Herman)

par Daphne Psaledakis et Alissa de Carbonnel

BRUXELLES (Reuters) - L'Union européenne a appelé mardi ses Etats membres à adopter des programmes plus ambitieux pour mettre en oeuvre l'Accord de Paris sur le climat, après la publication d'une évaluation qui pointe le retard pris dans certains domaines pour atteindre les objectifs fixés pour 2030.

Alors que l'adoption d'un objectif de neutralité carbone en 2050 devrait être débattue lors du prochain Conseil européen, jeudi et vendredi, la Commission européenne rappelle dans son évaluation que certains objectifs plus proches risquent de ne pas être atteints.

C'est le cas notamment dans des secteurs très polluants comme l'agriculture et les transports, mais aussi en matière d'économie d'énergie et d'usage d'énergies renouvelables, des domaines dans lesquels les Etats doivent selon elle se montrer "plus ambitieux".

La Commission considère que les plans dévoilés par certains Etats membres représentent un "effort impressionnant" pour tenir l'engagement d'une réduction de 40% des émissions carbone du bloc d'ici à 2030, mais elle les juge encore insuffisants.

"Après avoir évalué les projets de plans nationaux des Etats membres, je salue les efforts importants qui ont été accomplis", déclare le commissaire européen pour l'action pour le climat et l'énergie, Miguel Arias Cañete, dans un communiqué.

"Toutefois, dans leur version finale, les plans devront montrer une ambition encore plus grande pour mettre l'UE sur la bonne voie dans la lutte contre le changement climatique et la modernisation de notre économie", ajoute-t-il. "Le passage à la neutralité pour le climat en 2050 est un signal que les Etats membres doivent envoyer."

Un tel engagement devrait faire l'objet de débats difficiles entre dirigeants européens, qui craignent qu'une politique climatique trop ambitieuse ait des conséquences sur l'emploi et la compétitivité des entreprises européennes.

L'ALLEMAGNE S'EST LAISSÉE CONVAINCRE

L'Allemagne, longtemps réticente sous l'influence de son puissant secteur automobile, s'est néanmoins ralliée récemment à l'idée de la neutralité carbone en 2050, entraînant dans son sillage la Hongrie et la Slovaquie, qui ont également signé cet engagement, selon des sources européennes. Vingt-deux des 28 Etats membres y seraient désormais favorables.

Mais malgré ces ambitions élevées, l'évaluation de la Commission montre que l'UE, troisième émetteur de gaz à effet de serre dans le monde, n'a pas atteint ses objectifs de baisse des émissions dans les secteurs des transports, de l'agriculture et de la construction - qui représentent à eux trois plus de la moitié des émissions totales.

Selon les calculs de l'exécutif européen, réalisés à partir des projets de plans nationaux présentés par les Etats, il manquera à l'échelle du bloc deux points de pourcentage pour atteindre l'objectif de réduction de 30% des émissions par rapport à 2005 dans ces secteurs.

Même constat en matière de développement des énergies renouvelables, où l'UE pourrait rester en l'état actuel des choses entre un et deux points de pourcentage en-dessous de l'objectif de 32% du total de l'énergie produite.

"La poursuite des politiques actuelles ne suffira pas", constate la Commission, selon laquelle "il faudra une plus grande ambition collective pour atteindre les objectifs globaux de l'UE en matière de climat et d'énergie".

Miguel Cañete appelle cependant les Etats à ne pas se fixer des objectifs irréalistes ou pour lesquels ils ne sont pas prêts à faire les efforts nécessaires.

"Il est très facile de dire qu'on relève ses objectifs, mais ce n'est pas la même chose de les atteindre", rappelle-t-il.

(Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)