L'Iran ne prolongera pas son ultimatum qui expire dans trois semaines

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L'iran ne prolongera pas son ultimatum, les europeens ont moins de trois semaines[reuters.com]
(Crédits : Leonhard Foeger)

LONDRES (Reuters) - Le délai de 60 jours accordé aux signataires européens de l'accord de juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien ne sera pas prolongé, a averti mercredi Téhéran.

Passé ce délai, qui expire le 8 juillet, la République islamique commencera à enrichir de l'uranium à des degrés supérieurs aux limites fixées par le Plan d'action global commun (PAGC) qu'elle a négocié avec les puissances du P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité - Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne - et l'Allemagne).

Le 8 mai 2018, Donald Trump a dénoncé le PAGC, auquel il reproche ne pas tenir compte du programme balistique de l'Iran ni de ses ingérences dans les pays voisins. Sa décision a ouvert la voie au rétablissement puis au durcissement des sanctions américaines.

Les signataires européens, qui ont promis de tout faire pour sauver le PAGC, ont annoncé la mise en place prochaine d'un dispositif nommé Instex, censé permettre de contourner ces sanctions, mais le programme a pris du retard et Téhéran juge leurs efforts insuffisants.

Un an jour pour jour après la décision de Donald Trump, la République islamique a annoncé qu'elle ne se considérait plus tenue de respecter certains des engagements pris dans le cadre de l'accord de Vienne et a donné 60 jours aux autres signataires pour mettre leurs promesses en oeuvre, sous peine de s'en affranchir encore davantage.

"Le délai de deux mois fixé par l'Iran aux signataires restants du PAGC ne pourra pas être prolongé et la seconde phase sera mise en oeuvre exactement comme prévu", a déclaré Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, cité par l'agence de presse Tasnim.

"UNIR NOS EFFORTS"

"Si nos demandes ne sont pas satisfaites, nous prendrons de nouvelles mesures", a confirmé la président Hassan Rohani à la télévision publique.

"Mais, s'ils respectent leurs engagements, nous annulerons toutes les mesures prises (...) et il n'y aura plus de problème", a-t-il ajouté.

Le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, s'est rendu ce mercredi en Iran pour contribuer à apaiser les tensions dans la région, a-t-on appris auprès de l'Elysée.

Heiko Maas, chef de la diplomatie allemande, s'était quant à lui rendu à Téhéran la semaine dernière pour assurer que les Européens n'avaient pas renoncé à Instex, malgré le scepticisme qu'il suscite.

France, Grande-Bretagne et Allemagne préparent une nouvelle initiative diplomatique pour tenter de préserver le texte durement négocié avec Téhéran, a-t-on appris de source diplomatique. Des discussions sont par ailleurs prévues le 27 juin à Paris avec Brian Hook, responsable du dossier iranien au département d'Etat américain, mais les chances de succès de la "troïka" européenne semblent limitées.

"Nous voulons unir nos efforts pour faire en sorte qu'il y ait un processus de désescalade qui se mette en oeuvre", a assuré mercredi le ministre français des Affaires étrangères à l'issue du conseil des ministres, auquel Heiko Maas a participé.

"Il y a encore du temps et nous souhaitons que l'ensemble des acteurs soient amenés à plus de sérénité. Il y a encore du temps mais il y a peu de temps", a ajouté Jean-Yves Le Drian.

Les ministres des Affaires étrangères des trois pays européens pourraient aussi se rendre à Téhéran.

L'Iran a annoncé lundi qu'il dépasserait dans les dix jours le plafond de 300 kg d'uranium faiblement enrichi qu'il est autorisé à stocker en vertu de l'accord de 2015.

A Washington, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison blanche a dénoncé un "chantage nucléaire" et les Etats-Unis ont annoncé le déploiement de 1.000 soldats supplémentaires dans le Golfe, où les tensions ont déjà été exacerbées par l'attaque de pétroliers à la mi-mai puis le 13 juin dernier.

(Bozorgmehr Sharafedin avec John Irish à Paris et Robin Emmott à Bruxelles; Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Tangi Salaün)