France : Droite et gauche ensemble en meeting contre la privatisation d'ADP

reuters.com  |   |  655  mots
France: droite et gauche ensemble en meeting contre la privatisation d'adp[reuters.com]
(Crédits : Christian Hartmann)

PARIS (Reuters) - Un aréopage inhabituel de parlementaires de droite et de gauche a tenu meeting mercredi soir près de Paris pour soutenir la campagne menant vers un référendum sur la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP).

Le député Les Républicains (LR) francilien Gilles Carrez, s'est ainsi retrouvé aux côtés de ses collègues communiste Stéphane Peu et La France insoumise, Eric Coquerel, à la Bourse du travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour mobiliser contre la privatisation du gestionnaire de plate-formes aéroportuaires.

Etaient également présent le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure ainsi que le secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel.

Depuis jeudi dernier, les électeurs peuvent apporter leur soutien à l'idée d'un référendum d'initiative partagée (RIP) sur cette privatisation très critiquée. Quelque 4,7 millions de signatures doivent être recueillies.

La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, bien que non invitée à ce rassemblement transpartisan, a également appelé à signer pour obtenir un RIP.

"J'appelle tous les Français (...) à aller signer cette pétition pour obtenir un référendum sur le cas de la privatisation d'aéroports de Paris que nous contestons et contre laquelle nous nous élevons et contre laquelle nous ferons campagne", a déclaré la dirigeante d'extrême droite sur BFMTV tout en déplorant "le sectarisme (...) des partis politiques" à l'encontre de l'ex-Front national.

Si le thème ADP ressoude la gauche, "mélenchonistes" et socialistes inclus, il divise néanmoins la droite, où se ravive un vieux clivage entre l'aile libérale incarnée par Valérie Pécresse ou Eric Woerth et une branche plus étatiste.

"UN SITE PAS SEXY"

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, ne manque d'ailleurs pas d'insister sur ces tiraillements au sein de son ancien parti, auquel il a tourné le dos en 2017.

L'un des élus de droite pro-référendum, Gilles Carrez, avait invité, dès la semaine dernière, via Twitter, à se "mobiliser fortement contre la privatisation d'ADP en soutenant massivement la proposition de loi visant à affirmer le caractère de service public national de l'exploitation des aérodromes de Paris".

Le recueil des signatures se fait principalement par le biais d'un site internet supervisé par le ministère de l'Intérieur et le Conseil constitutionnel. Ce dernier promet de faire régulièrement - "probablement à une fréquence mensuelle" - le décompte des signatures reçues, à partir de début juillet.

Des problèmes techniques ont gêné les premières inscriptions, conduisant les opposants au projet à soupçonner les autorités de vouloir entraver le processus.

"La start-up nation met en place un minitel pour organiser le référendum. Un site pas sexy, compliqué, qui connaît de nombreux bugs : si on ne voulait pas que les gens s'emparent de cet enjeu, on ne s'y prendrait pas autrement", a déclaré mercredi à Reuters le député communiste Sébastien Jumel.

"On va contrarier tout ça en irriguant le territoire des communes, des entreprises, du terrain pour faire la démonstration qu'à travers ADP, c'est le symbole de l'Etat stratège qui ne renonce pas à ses outils au service de l'intérêt général", a-t-il ajouté dans les couloirs de l'Assemblée.

Tractage, affichage, réunions publiques : les partis de gauche ont décidé de mettre leurs moyens et leurs militants au service du recueil des signatures en vue de provoquer un référendum, qui constituerait une première dans l'histoire institutionnelle française.

Passé les neuf mois de rigueur, le Conseil constitutionnel aura un mois pour dire si le seuil des 4,7 millions de soutiens a été atteint. Le cas échéant, l'Assemblée et le Sénat pourront se saisir de la question de la privatisation d'ADP, faute de quoi une consultation sera organisée.

(Elizabeth Pineau et Simon Carraud, édité par Danielle Rouquié)