UE : L'espoir d'un accord sur les nominations s'amenuise

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(Crédits : Yves Herman)

par Jean-Baptiste Vey

BRUXELLES (Reuters) - L'espoir de voir les chefs d'Etat et de gouvernement européens s'accorder jeudi sur les nominations aux plus hauts postes de l'Union s'amenuise au Conseil européen, le Premier ministre irlandais déclarant que l'élection d'un pape serait plus facile.

Emmanuel Macron et Angela Merkel ont laissé entendre à leur arrivée à Bruxelles que davantage de temps pourrait être nécessaire, sur fond de désaccord entre eux sur l'opportunité que le conservateur allemand Manfred Weber devienne président de la Commission, le poste jugé le plus important.

Le candidat du Parti populaire européen (PPE), dont Paris, Madrid et quelques autres ne veulent pas, a été informé que les députés européens socialistes et libéraux ne le soutiendraient pas, le privant de la majorité requise pour être élu.

"J'ai l'impression que nous ne serons pas en mesure d'élire un nouveau président de la Commission ou un nouveau président du Conseil aujourd'hui", a dit le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar. "Très souvent, il est plus rapide d'élire le pape que de pourvoir ces postes", a-t-il plaisanté.

Outre ces deux présidences, les dirigeants européens sont censés décider jeudi qui seront les prochains président de la Banque centrale européenne (BCE) et Haut représentant pour les affaires étrangères. Le choix du prochain président du Parlement relève des seuls députés européens mais participe d'un même équilibre politique et géographique.

Chargé de mener le débat sur les nominations, qui commencera formellement au dîner, le président du Conseil, Donald Tusk, s'est dit "plus prudent qu'optimiste" sur l'hypothèse d'un accord ce jeudi, après un entretien avec le président français et la chancelière allemande.

WEBER FRAGILISÉ

"Il y a encore toute une gamme de problèmes", a dit Angela Merkel à son arrivée au Conseil. "Il est possible que nous ne voyions pas de résultat aujourd'hui."

Emmanuel Macron a évoqué la date butoir de la fin juin, avant la séance du nouveau Parlement européen le 2 juillet.

Un autre sommet pourrait avoir lieu le 30 juin ou le 1er juillet.

Le refus des députés socialistes et libéraux de soutenir Manfred Weber pourrait fournir à Angela Merkel une raison pour accepter un autre candidat, ont déclaré des diplomates.

"La candidature de Weber est en train d'imploser. Le Parlement est plus divisé qu'auparavant et a raté le coche. Et les dirigeants nationaux du PPE lui tournent également le dos", a dit un haut diplomate de l'UE, en prévenant que si l'Allemagne n'obtenait pas la présidence de la Commission, la France en serait également privée.

A une journaliste qui lui disait que la bataille pour la succession de Jean-Claude Juncker ressemblait à un match entre la France et l'Allemagne, Emmanuel Macron a répondu : "je pense que ça c'est une erreur et il ne faut pas le lire comme ça".

"Il faut des personnes qui aient des compétences, qui partagent ces ambitions, qui aient la crédibilité pour le faire et je soutiendrai les figures les plus fortes à cet égard", a-t-il poursuivi, en répétant son voeu de parité entre quatre postes : présidences de la Commission, du Conseil et du Parlement et Haut représentant pour les affaires étrangères.

(Avec correspondants de Reuters, édité par Yves Clarisse)