L'UE en quête de consensus sur un objectif de neutralité carbone

reuters.com  |   |  572  mots
L'ue en quete de consensus sur un objectif de neutralite carbone[reuters.com]
(Crédits : Hannibal Hanschke)

par Alissa de Carbonnel et Sabine Siebold

BRUXELLES (Reuters) - Réunis en sommet jeudi à Bruxelles, les dirigeants des pays de l'Union européenne espèrent parvenir à un accord pour passer à la neutralité carbone d'ici 2050 malgré les réticences de la Pologne et de la République tchèque.

De plus en plus d'Etats membres ont approuvé ces derniers jours cet objectif, avec l'ambition de montrer l'exemple lors des prochaines discussions préparatoires de la COP25 sur le climat, en septembre à New York.

Soucieuse de ménager le puissant secteur automobile allemand, la chancelière Angela Merkel a longtemps hésité avant d'annoncer que l'Allemagne soutiendrait l'objectif de parvenir à la neutralité carbone en 2050.

"J'espère que ces plans ambitieux pour la protection du climat deviendront réalité, ce qui signifie que nous tous - ou la majorité d'entre nous - devront faire davantage", a-t-elle cependant prévenu.

Emmanuel Macron, qui, en mai, a lancé une campagne avec huit autres pays pour que l'UE approuve l'objectif 2050, s'est félicité que "de plus en plus de pays se rallient à cet objectif".

L'unanimité des Vingt-Huit est cependant nécessaire pour que cet objectif de neutralité carbone soit adopté, et les Premiers ministres polonais et tchèque ont affiché leurs réticences à leur arrivée à Bruxelles.

Mateusz Morawiecki a déclaré que Varsovie ne pouvait pas accepter, pour le moment, des objectifs plus sévères sans "conditions très clairement formulées sur les mécanismes de compensation".

"Pourquoi devrions-nous décider ce qu'il va se passer dans 31 ans?" a renchéri son homologue tchèque Andrej Babis.

Les modifications de dernière minute apportées au projet de communiqué pourraient permettre d'atténuer les inquiétudes des deux pays qui redoutent que leurs économies, largement dépendantes du charbon, soient pénalisées par un rythme de réduction des émissions trop rapide.

175 À 290 MILLIARDS D'EUROS D'INVESTISSEMENT

Le texte appelle notamment la Banque européenne d'investissement (BEI) à renforcer son soutien à l'action climatique et affirme que de tels efforts doivent préserver la compétitivité de l'Europe et tenir compte de la grande différence dans le mix économique et énergétique du continent.

En approuvant un objectif de neutralité carbone d'ici 2050, soutenu par le Parlement européen, l'UE se rapprocherait de son engagement, dans l'accord de Paris sur le climat, à limiter la hausse des températures bien en deçà de 2 degrés Celsius.

Bien que l'UE soit en bonne voie de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% à l'horizon 2030, par rapport aux niveaux de 1990, les militants écologistes estiment que cela reste insuffisant.

"Atteindre zéro émission en 2050 sera extrêmement difficile et bien plus coûteux si on ne relève pas l'objectif 2030", explique Wendel Trio, directeur du groupe Climate Action Network Europe.

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé le bloc à viser une réduction de 55%.

Cependant, même parmi les pays favorables à la neutralité carbone à l'horizon 2050, des doutes subsistent quant aux moyens de financer le passage à une technologie à faible émission de carbone dans les grands secteurs d'emploi tels que les transports, l'agriculture et la construction, ce tout en restant compétitifs.

Pour atteindre des émissions nettes nulles, l'UE devrait investir entre 175 et 290 milliards d'euros supplémentaires par an dans les technologies d'énergie propre, selon une projection de l'UE sur les trajectoires climatiques.

(Emma Cruz et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)