Wall Street finit en hausse avec la Fed, record du S&P

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(Crédits : Brendan Mcdermid)

(Reuters) - La Bourse de New York a fini en hausse jeudi, avec à la clé des records pour le S&P-500, après les signaux accommodants lancés par la Réserve fédérale qui pourrait baisser ses taux dès le mois prochain en réponse au ralentissement de l'économie.

Le S&P-500, indice de référence des gérants américains, a pris 27,72 points ou 0,95% à 2.954,18, une clôture record, après un plus haut absolu à 2.958 points en toute fin de séance.

Le Dow Jones des 30 grandes valeurs a gagné 249,17 points, soit 0,94%, à 26.753,17 points, et le Nasdaq Composite a avancé de 64,02 points (0,80%) à 8.051,34.

La précédente clôture record du S&P remontait au 30 avril et son pic en séance, 2.954,13 points, datait du lendemain 1er mai.

L'indice porte ainsi ses gains à plus de 7% en juin, et sa hausse atteint près de 18% depuis le 1er janvier.

Si la Fed a comme prévu maintenu ses taux directeurs inchangés mercredi à l'issue de ses deux jours de réunion monétaire, elle a ouvert la voie à des baisses de taux dans un avenir proche.

"A l'évidence, la Fed a pris la pole position s'agissant des catalyseurs pour le marché maintenant", commente Mike Mullaney, directeur de la recherche chez Boston Partners. "L'appétit pour le risque est de retour et je ne vois rien à court terme qui puisse remettre cela en cause."

Les indices de Wall Street étaient déjà portés depuis plusieurs semaines par des anticipations de baisses de taux et ils ont aussi monté ces derniers jours dans l'espoir d'une reprise des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine à l'occasion du sommet du G20 des 28-29 juin.

Le bond des cours du pétrole, après la destruction par l'Iran d'un drone d'observation américain, a amplifié la hausse jeudi en faisant grimper les valeurs de l'énergie.

"Le nouveau plus haut du S&P 500 pourrait être un feu de paille", avertit toutefois Jake Dollarhide, directeur général de Longbow Asset Management à Tulsa (Oklahoma). "Ces tensions latentes en Iran pourraient déborder et susciter toutes sortes de craintes."

Les volumes se sont étoffés avec 7,5 milliards de titres échangés contre 6,5 milliards la veille et une moyenne de 6,9 milliards sur les 20 séances précédentes.

VALEURS

Les 11 indices sectoriels du S&P 500 ont fini dans le vert avec en tête le compartiment de l'énergie (+2,21%), dopé par un bond de plus de 5% des cours du pétrole, devant les industrielles (+1,61%) et les technologiques (+1,43%), qui ont de leur côté été soutenues par les espoirs sur le commerce.

Apple a gagné 0,80% à 199,46 dollars après avoir brièvement atteint le cap des 200 dollars pour la première fois depuis début mai.

La meilleure performance du S&P a été pour l'éditeur de logiciels Oracle, en hausse de 8,18%, après avoir annoncé des prévisions de résultats supérieures aux attentes pour ce trimestre.

La plus forte baisse a été pour le croisiériste Carnival qui a chuté de 7,65% après avoir réduit ses prévisions.

En vedette, Slack Technologies a bondi de 48,54% à 38,62 dollars pour ses débuts sur le New York Stock Exchange, un cours qui valorise la plate-forme de messagerie et d'échange de données entre professionnels à plus de 25 milliards de dollars (22,1 milliards d'euros).

LES INDICATEURS DU JOUR

L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie a ralenti à 0,3 en juin, un recul bien plus fort qu'attendu qui le ramène à son plus bas niveau depuis février, confirmant la passe difficile que traverse le secteur.

Le marché du travail américain reste toutefois vigoureux avec des inscriptions au chômage qui ont diminué plus que prévu la semaine dernière, de 6.000 à 216.000.

Le déficit des comptes courants s'est lui fortement réduit au premier trimestre sur un an, 9,4% à 130,4 milliards de dollars, les importations s'étant contractées tandis que les entreprises américaines poursuivaient le rapatriement des bénéfices dégagés à l'étranger pour profiter de la réforme fiscale mise en oeuvre l'an dernier.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les signaux accommodants lancés par les grandes banques centrales ont également soutenu les Bourses européennes, qui ont fini dans le vert même si leur progression a été freinée par un net repli du secteur bancaire.

Le CAC 40 a pris 0,31% à 5.535,57 points à Paris, le Footsie britannique a gagné 0,28% et le Dax allemand 0,38%. L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,39%, le FTSEurofirst 300 de 0,51% et le Stoxx 600 de 0,36%, retrouvant ses niveaux du début mai.

L'énergie (+1,36%), les technologiques (+1,57%) et l'automobile (+0,81%) ont mené la hausse alors que le secteur bancaire a cédé 1,29%, pénalisé par la faiblesse des taux longs. [.EUFR]

TAUX

Affaibli par la perspective d'une détente des taux directeurs de la Fed, le rendement des Treasuries à dix ans est passé sous le seuil de 2% pour la première fois depuis novembre 2016, reculant en séance jusqu'à 1,974% avant de revenir à 2,01% en fin de journée contre 2,027% à la clôture mercredi.

Le rendement des emprunts à 30 ans a lui reculé jusqu'à 2,48%, un creux depuis octobre 2016, mais il remontait à 2,53% en fin de séance contre 2,54% mercredi.

Sur la partie courte de la courbe, le rendement des notes à deux ans s'inscrivait en fin de journée à 1,73% contre 1,766% mercredi après être tombé à 1,696%, au plus bas depuis novembre 2017.

Selon le baromètre FedWatch de CME Group, les traders situent désormais à 100% la probabilité d'une baisse d'un quart de point du taux des fed funds le mois prochain.

CHANGES

Les annonces de la Fed ont pesé sur le dollar qui perdait encore 0,48% face à un panier de devises de référence en fin de séance américaine après avoir déjà cédé 0,54% mercredi, accusant ainsi sa plus forte baisse sur deux jours depuis février 2018

L'euro a progressé de 0,55% à 1,1286 dollar tandis que le yen s'appréciait de 0,7% à 107,34, au plus haut depuis six mois.

OR

La forte baisse du dollar a profité à l'or qui a atteint un plus haut depuis septembre 2013 à 1.392,84 dollars l'once sur le marché au comptant. En fin de séance il revenait sur les 1.390 dollars, en hausse de 2,2%.

Le contrat sur l'or à New York a fini en hausse de 3,6% à 1.396,90 dollars l'once.

PÉTROLE

Avec le regain de tension dans le Golfe, le contrat juillet sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a bondi de 5,38% à 56,65 dollars le baril, après avoir brièvement atteint les 57 dollars durant la séance, et le Brent de mer du Nord s'est adjugé 4,25% à 64,45 dollars.

"Il y a une conjugaison d'éléments favorables : le cycle annoncé de baisse des taux va affaiblir le dollar et profiter aux matières premières ; à cela s'ajoutent les tensions avec l'Iran", commentait John Kilduff, associé chez Again Capital Management à New York.

A SUIVRE VENDREDI :

La séance pourrait être volatile à Wall Street avec la quadruple arrivée à échéance des futures sur indices et actions et options sur indices et actions - les "quatre sorcières".

En Europe, les investisseurs seront attentifs aux premiers résultats des enquêtes auprès des directeurs d'achat (PMI) sur l'activité du secteur privé.

(avec Lewis Krauskopf à New York et Shreyashi Sanyal à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)