Mélenchon annonce une nouvelle organisation de LFI

reuters.com  |   |  603  mots
Melenchon annonce une nouvelle organisation de lfi[reuters.com]
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

PARIS (Reuters) - Le dirigeant de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, fragilisé par son revers aux élections européennes, a annoncé dimanche une réorganisation du mouvement et promis de prendre du recul, tout en confirmant une ligne d'opposition radicale à Emmanuel Macron et son gouvernement.

LFI avait réuni à Paris une "Assemblée représentative" pour tirer les leçons de cet échec (6,31% des suffrages au lieu de 19,58% au premier tour de l'élection présidentielle de 2017 pour Jean-Luc Mélenchon).

"Une page est en train de se tourner (...), la fin du cycle de la période de l'élection présidentielle", a-t-il déclaré dans son discours de clôture d'un week-end de débats.

"Nous sommes en train d'adopter un organigramme (...) Il y a toute une équipe qui arrive. Ils sont jeunes et même très jeunes", a-t-il ajouté. "Ce n'est plus moi qui ouvrirai toutes les réunions, ni moi qui les terminerai toutes. J'en ferai un certain nombre mais pas toutes."

La nouvelle vice-présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, coordonnera notamment les députés du mouvement, ses six députés européens et ses deux sénateurs.

Jean-Luc Mélenchon s'est dit "triste" que les élections européennes "n'aient pas donné ce qu'on en attendait".

"Oui c'est cruel, c'est douloureux quand on ne voit pas venir à la rescousse ceux pour lesquels on se bat", a-t-il dit. "On n'a pas réussi à fédérer."

Un échec qu'il a imputé à la difficulté de convaincre les électeurs d'envoyer des députés "dans un parlement qui n'a pas de pouvoir", organe d'une "institution que vous condamnez", mais aussi à une "instrumentalisation" de la police, de la justice et de la presse par le gouvernement.

"DÉRIVE AUTORITAIRE"

"La peur est devenu l'instrument de ce pouvoir en même temps que le harcèlement et le matraquage médiatique. Tout ça, nous avons eu à nous y confronter", a lancé Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé une "dérive autoritaire" du gouvernement.

"Les libéraux sont devenus les plus grands ennemis de la liberté dans le monde entier. Partout ils utilisent la justice pour réprimer leurs opposants", a ajouté l'élu, alors que ses comptes de campagne présidentielle et l'emploi des assistants parlementaires européens de LFI sont l'objet d'enquêtes.

Jean-Luc Mélenchon a également égratigné au passage les cadres de LFI qui ne lui ont pas épargné leurs critiques ces derniers temps ou ont pris leurs distances - "Quand ça va mal toutes sortes de vocations et d'audaces apparaissent (...) Je suis consterné par le nombrilisme de certaines critiques."

Mais avec LFI, a-t-il estimé, "une force politique est née que rien, en tout cas aucune simagrée, aucune autoflagellation de convenance tant à la mode dans la vieille gauche officielle mondaine ne viendra jamais abattre".

LFI "ne peut pas être un parti politique" et restera un mouvement, constitué de vagues successives de gens qui le rejoignent a-t-il fait valoir.

"C'est donc et ce sera toujours une organisation composite nécessairement évolutive", a ajouté Jean-Luc Mélenchon, qui a dit avoir, quant à lui, "passé l'âge de faire une carrière".

LFI restera également engagé dans une "lutte implacable" contre le pouvoir actuel : "C'est notre devoir de nous opposer" et de "vouloir tout changer", a déclaré Jean-Luc Mélenchon.

"Plus longtemps durera le 'macronisme' plus dure sera la tâche pour relever la France républicaine", a-t-il ajouté, en fixant pour prochains objectifs l'obtention d'un référendum sur la privatisation d'Aéroports de Paris et les municipales de 2020.

(Emmanuel Jarry)