Mike Pompeo au Moyen-Orient pour parler de la crise avec l'Iran

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(Crédits : Pool New)

par Stephen Kalin

RYAD (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain a rencontré lundi à Djeddah le roi Salman d'Arabie saoudite et le prince héritier Mohamed ben Salman, sur fond de tensions entre les Etats-Unis et l'Iran.

Mike Pompeo, accueilli comme un "ami cher" par le roi Salman, a remercié le souverain d'avoir accepté de le recevoir aussi rapidement.

Le secrétaire d'Etat américain, qui se rendra ensuite aux Emirats arabes unis (EAU), a déclaré à la presse avant son départ que Washington souhaitait des négociations avec Téhéran mais prévoyait d'imposer à l'Iran, à compter de ce lundi, de nouvelles sanctions économiques "de taille".

"Nous discuterons avec (l'Arabie saoudite et les Emirats) des moyens d'être sur la même longueur d'onde sur le plan de la stratégie, et des moyens de mettre sur pied une coalition internationale", a-t-il dit.

Les relations entre Washington et Téhéran se sont dégradées en mai 2018 lorsque Donald Trump a dénoncé l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien et rétabli des sanctions qui ont été alourdies depuis.

Les risques de confrontation directe se sont aggravés jeudi après la destruction du drone américain qui se trouvait, selon Téhéran, dans l'espace aérien iranien près du détroit d'Ormuz, ce que contestent les Etats-Unis. Quelques jours plus tôt, Washington avait imputé à l'Iran l'attaque de deux pétroliers dans le golfe d'Oman, non loin du détroit d'Ormuz.

L'Iran a démenti tout lien avec les attaques de pétroliers.

Donald Trump a indiqué vendredi avoir annulé au dernier moment une opération militaire contre des cibles en Iran. Il aurait en revanche, selon le site d'information Yahoo News et le Washington Post, autorisé des cyberattaques contre des cibles iraniennes.

A Londres, le secrétaire au Foreign Office, Jeremy Hunt, a estimé lundi que ni les Etats-Unis ni l'Iran ne voulaient la guerre mais s'est dit très inquiet quant au risque de déclenchement accidentel d'un conflit.

DONNANT-DONNANT

"Nous sommes très inquiets: nous ne pensons pas que l'un ou l'autre des camps veuille la guerre, mais nous redoutons qu'éclate accidentellement un conflit et nous faisons tout pour que les tensions retombent", a dit Jeremy Hunt à la BBC.

A Téhéran, un conseiller du président Hassan Rohani, Hesameddin Ashena, a déclaré que si les Etats-Unis voulaient obtenir de l'Iran des concessions allant au-delà de l'accord de 2015 sur le nucléaire, ils devaient dans le même temps proposer des mesures sortant elles aussi du cadre de cet accord.

"La proposition américaine de négociations sans condition préalable n'est pas acceptable tant que les sanctions et les menaces continuent. S'ils (les Américains) veulent obtenir quelque chose allant au-delà de l'accord (nucléaire de 2015), ils doivent proposer eux-mêmes quelque chose qui aille aussi au-delà, avec des garanties internationales", a-t-il écrit sur Twitter.

Si l'Iran poursuit "ses politiques agressives", il devra en "payer le prix", a prévenu pour sa part le chef de la diplomatie saoudienne Adel Al Djoubeir dans une interview au Monde publiée lundi, évoquant un renforcement de sanctions contre Téhéran.

"Nous avons dit que nous voulions éviter une guerre à tout prix, comme les Américains", déclare-t-il dans cet entretien accordé en marge d'une rencontre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian à Paris.

"Ce sont les Iraniens qui font le choix de l'escalade. Vous ne pouvez pas attaquer des navires dans le Golfe, vous ne pouvez pas attaquer des pipelines, vous ne pouvez pas fournir des missiles balistiques à des groupes terroristes comme les houthistes (les insurgés chiites en guerre contre le gouvernement yéménite-NDLR) pour qu'ils s'en servent contre l'Arabie saoudite."

Le représentant spécial des Etats-Unis pour l'Iran a répété lundi que Donald Trump était prêt à négocier avec Téhéran un accord ouvrant la voie à la levée des sanctions américaines, à condition que la République islamique renonce à ses programmes nucléaire et balistique et cesse de soutenir des milices supplétives dans la région.

(Avec Maha El Dahan et Sylvia Westall à Dubaï, Marine Pennetier à Paris; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)